Gildas Pelliet (Sony) : « L’enjeu est d’ancrer les exploits technologiques dans le quotidien »
Décideurs. Quels sont les investissements de demain pour un groupe comme Sony ?
Gildas Pelliet. Sony investit énormément en recherche et développement au travers notamment de son programme et atelier de réflexion « Future Lab ». Ce programme permet de développer les prototypes des grandes innovations futures. Nous travaillons en collaboration avec nos utilisateurs sur des projets tels que le projecteur portable ou le casque de demain. L´objectif pour Sony est de concevoir de nouveaux concepts et prototypes à des stades précoces de développement, en explorant de nouveaux styles de vie, et en apportant de la valeur ajoutée pour l’utilisateur de demain.
Le chient robot de Sony, doté d’intelligence artificielle, était considéré comme une offre avant-gardiste en 1999. Quel est votre produit révolutionnaire du moment ?
Aibo était une démonstration de ce que nos ingénieurs, qui comptent parmi les meilleurs au monde, sont en capacité de développer. Sony a annoncé récemment un programme de développement pour la robotique, avec des produits et des solutions futuristes, ce qui marque notre retour dans cet univers. L’un des grands enjeux aujourd’hui est d’ancrer ces exploits technologiques dans le quotidien. Nous misons pour cela sur la dimension émotionnelle de nos produits. Noirs intenses, son projeté depuis l’écran, luminosité étendue…Le nouveau téléviseur Bravia Oled A1 est notre dernier exemple en date d’expérience immersive.
« Le marché français de l’électronique est l’un des trois plus grands en Europe »
On nous parle régulièrement d’écrans souples, pliables, transparents, mais l’usage que l’on en a est toujours très traditionnel. Quel futur peut-on vraiment envisager pour l'écran?
Il est important de distinguer celles qui font évoluer l’expérience client de celles qui sont de pures prototypes « d´image de marque » qui ne verront jamais le jour. Parmi les innovations majeures qui ont vu le jour, on compte l’Internet-of-things et l’interconnectivité. Sony était l’un des premiers à équiper ses téléviseurs de l’Android TV, un dispositif connecté créé par Google qui permet notamment d’avoir accès au contenu de Google Play. Le design est un autre aspect important. Le consommateur cherche à marier son téléviseur à la décoration de la pièce. Il ne cherche plus à le cacher mais au contraire à l’exposer.
Quelles sont les spécificités du marché français en matière d’électronique ?
Le marché français est l’un des trois plus grands en Europe avec le Royaume-Uni et l´Allemagne. En matière de distribution, il se caractérise par la forte présence d’enseignes multi-spécialistes comme Darty, Fnac et Boulanger. Pour la vente de produits comme les téléviseurs et les appareils photo, la distribution spécialiste de proximité est aussi très développée. La France se distingue dans le panorama européen à travers la présence de nombreuses enseignes d’hypermarchés qui se positionnent sur certaines catégories d’offres comme les téléviseurs ou les produits audio et vidéo, telles que Leclerc, Auchan ou Carrefour.
Comment expliquer le succès de la Playstation VR lancée en octobre dernier et qui a presque atteint le million de vente ?
Il existe une communauté de joueurs passionnés qui sont des afficionados de la marque Sony et de playstation. Ils constituent un socle très solide et fidèle à chacun de nos nouveaux lancements. La Playstation VR a également séduit par son offre de contenus focalisée sur le gaming ainsi qu’un positionnement prix grand public. Cette stratégie s’avère aujourd’hui payante puisque nous atteindrons très prochainement le million de Playstation VR vendus dans le monde. Si son lancement a donné envie aux gamers, elle attire aussi les développeurs qui trouvent un nouveau terrain d’expression pour développer des contenus.
La culture japonaise du groupe se ressent-elle dans votre façon de travailler au quotidien ?
La mission première de Sony découle d’une valeur très importante pour les japonais : le « kando ». Nous n’avons pas de terme équivalent en français mais nous pouvons traduire cela par la capacité à créer une expérience émotionnelle au travers de nos produits, services et contenus. Dès sa fondation en 1946, les fondateurs Morita San et Ibuka San ont voulu la mettre au service de l’innovation et « faire ce que les autres ne font pas ». Notre ligne de conduite depuis lors n’a pas changé.
Propos recueillis par Marion Robert