Vivendi se fera-t-il botter hors d'Italie ?
Dans sa volonté de se rapprocher de Mediaset, l’empire médiatique de Silvio Berlusconi, pour apporter une réponse européenne à Netflix et autres diffuseurs à la demande, Vivendi connaît un nouveau coup d’arrêt. Après sa propre volte-face dans l’accord d’échange actionnarial pour acquérir Mediaset Premium et la plainte déposée dans la péninsule par ce dernier qui s’en est suivie, c’est au tour du régulateur italien des communications (AGCom) de mettre son grain de sable en demandant à Vivendi de choisir entre Mediaset (dont le groupe français détient 28,8?% du capital) et Telecom Italia (24?%). La raison invoquée tient au droit concurrentiel italien (loi Gasparri) qui interdit de contrôler plus de 40 % du marché des télécoms et plus de 10 % de celui de la télévision. Or, Telecom Italia pèse 44,7 % dans son secteur, Mediaset 13,3 %, et, selon l’AGCom, « Vivendi exerce une influence certaine sur ces deux sociétés et enfreint ainsi le droit de la concurrence ». Une décision qui ne semble pas tout à fait étrangère à l'irritation ressentie outre-Alpes par la multiplication des prises d'intérêt capitalistiques françaises... et particulièrement concernant l'attitude de Vivendi.
Le groupe italien bénéficie d’une conjoncture très favorable pour relancer les nécociations sur un pied d'égalité
Du côté français, la surprise est entière, le régulateur italien n'ayant jamais fait appliquer cette restriction légale. Tous les recours sont donc envisagés au niveau européen, même s’ils ont peu de chances d’aboutir pour des raisons de prérogatives nationales laissées dans la gestion de la pluralité des médias.
Milan AC
La voie amiable semble bien s’éloigner, mais en apparence seulement. Si Vivendi dit pour la forme avoir d’autres pistes d’alliance, ces mastodontes médiatiques ont tout intérêt à s’entendre sur le modèle ébauché entre Orange et Canal. Mediaset notamment va devoir financer très prochainement le renouvellement de ses droits sportifs et ne pourra probablement pas attendre les un ou deux milliards qu’il demande à Vivendi dans le cadre de sa plainte. Dans le même temps, le groupe italien bénéficie d’une conjoncture très favorable. La levée prochaine de la contrainte transalpine de limiter à 5 % d’achat annuel la part d’un capital intervient alors que la holding financière de la famille Berlusconi, Fininvest, vient de signer la vente pour 740 millions d'euros du Milan AC à un groupe chinois. Avec cent millions d'euros économisés par an de dépenses en pure perte dans le football, une réduction de sa dette de 200 millions et 520 millions en caisse, Fininvest, actionnaire à hauteur de 38,3 % de Mediaset, retrouve une formidable marge de négociations. Si la famille parvient à s’entendre sur l’allocation de ces sommes, elle aura de quoi en rabattre au grand méchant Vivendi et le contraindre à reprendre le chemin des discussions… entre égaux.