Le site de diffusion de vidéos a annoncé avoir atteint le milliard d'heures de modules visuels divers et variés regardés chaque jour. Une annonce qui s’accompagne d’une pluie de chiffres plus impressionnants les uns que les autres.

Un milliard d'heures de vidéos regardées chaque jour. Rapportée à la population mondiale, près de 7,5 milliards d’individus – dont 3,8 milliards d’utilisateurs d’Internet et 4,9 milliards équipés d’un mobile en janvier 2017 –, ce chiffre correspond à 8,4 minutes visionnées quotidiennement par chaque être humain qui peuple notre chère planète, ou encore une playlist visuelle de 114 000 ans… Ravi, Cristos Goodrow, le vice-président du département ingénierie de YouTube, y va de sa formule quelque peu poétique, parlant de « gens [récompensant] ainsi leurs curiosités, en découvrant de la bonne musique, en se tenant informés de l’actualité, en suivant leurs personnalités préférées, ou en découvrant les dernières tendances »… Dans l’ordre de préférence, les sujets qui rencontrent effectivement le plus de succès sont en premier lieu la musique, suivie du « lifestyle » (cuisine, beauté, santé, mode), du sport, du bricolage et enfin des vidéos humoristiques.

 

 

Plus d’un milliard d’utilisateurs mensuel

Pour parvenir à un tel score, qui se conjugue aux 1,325 milliard d’utilisateurs mensuels atteints fin 2016 selon Statistic Brain, YouTube affine constamment ses algorithmes sur le mode du machine learning, accrochant toujours plus les internautes par des suggestions ciblées.

 

De 300 millions d’heures en 2014 à 500 millions en 2015... pour doubler l’année suivante !

Le résultat est sans appel : le nombre de vidéos visionnées a été multiplié par dix depuis 2012, ou, autrement énoncé sur une jauge de trois petites années, est passé de 300 millions d’heures en 2014 à 500 millions en 2015... pour doubler l’année suivante ! Quant au contenu cité plus haut, il est évidemment abondamment alimenté par les utilisateurs eux-mêmes qui mettent dorénavant en ligne 400 heures de vidéos par minute ! En ligne de mire : la toute puissante télévision. D’après Nielsen Data, si les Américains regardent 1,25 milliard d’heures de contenus télévisés par jour, cette tendance est au déclin quand celle de YouTube est bel et bien exponentielle. Le géant d'Internet ne s’y est pas trompé et a annoncé mardi 28 février le lancement prochain d'un service de télévision en streaming payant digne de l'offre traditionnelle des chaînes du câble ou à péage outre-Atlantique. Les jeunes générations, qui consultent la plate-forme comme d’autres respirent, pourront ainsi « regarder ce qu'ils veulent, quand ils le veulent, de la manière dont ils veulent et sans engagement » avec une simple connexion à Internet, a expliqué sa patronne Susan Wojcicki.

 

Un milliard de vidéos sous-titrées

Présumant du succès de cette offre, nous pouvons d’ores et déjà prédire que l’extension du service au-delà des frontières nord-américaines ne saurait tarder, YouTube ayant parallèlement annoncé en février le milliard de vidéos développant des sous-titres automatiques, basés eux aussi sur la puissance du machine learning. Plus de quinze millions d’entre elles sont ainsi lues par jour. Une dizaine de langues sont prises en charge (allemand, anglais, coréen, espagnol, italien, japonais, néerlandais, portugais, russe), dont le français.

 

Un Français sur deux âgés de 16 à 44 ans se rend quotidiennement sur la plate-forme

 

En France justement, YouTube a présenté ses résultats et son audience lors de son troisième BrandCast fin novembre 2016. Pas de surprise : l’Hexagone suit une tendance parallèle. La plate-forme accueille un Français sur deux âgés de 16 à 44 ans quotidiennement, avec une répartition quasi-égale entre hommes et femmes (respectivement 51 % et 49 %). Petit détail qui mérite d’être relevé, 40 % sont des parents (le site a aussi lancé une version Kids sur laquelle les parents ont l’entière maîtrise des contenus) : un argument qui place YouTube sur le créneau « familial » et fédérateur du direct événementiel jusque-là réservé à… la télévision. Au cours des douze derniers mois, le temps passé à regarder des vidéos de sport en France a ainsi augmenté de 360 %. Et la tambouille n’est pas que végétative, parmi ceux qui regardent des contenus sportifs, 75 % visionnent du fitness tout en le pratiquant. Selon Médiamétrie, les deux tiers des utilisateurs s’y rendent plusieurs fois par jour et dans la même mesure sur smartphone : une vraie source d’oxygène on vous dit !

 

Un milliard de dollars aux ayants-droit

Mais parlons… chiffres ! Alphabet, maison mère de Google et YouTube, ne donnant aucuns détails concernant les données financières précises de ses filiales, les observateurs en sont réduits à des supputations. Cela dit, lorsque la plate-forme s’y risque, par l’intermédiaire des sommes reversées aux ayants-droit, elle soulève un tollé ! La Fédération internationale de l'industrie phonographique a ainsi estimé que le milliard de dollars de royalties versés pour 2016 aux artistes était largement insuffisant. Il est vrai que le service (payant) Spotify reverse le double et que YouTube ne prend guère de précautions pour contrer les nombreux sites ou logiciels proposant la récupération de vidéos, sans même parler des adblockers, aucunement freinés sur la plate-forme…  Susan Wojcicki botte d’ailleurs en touche lorsque le sujet de la rentabilité du groupe est abordé : « La croissance est notre priorité », sera sa seule et unique réponse donnée aux journalistes qui osent la questionner sur ce point.

 

Facebook et Netflix n’affichent pour l’instant qu’une centaine de millions d’heures visionnées quotidennement sur chacune de leur plate-forme

 

Tout juste peut-on estimer des différentes données et avis d’experts comme celui du Wall Street Journal que le chiffre d’affaires ou les recettes publicitaires, au choix (!), atteignent les six milliards de dollars en 2016 et très rapidement les sept milliards en 2017. Ou que l’équilibre financier devrait être enfin atteint prochainement.

Seule petite ombre au tableau pour le Roi Soleil de la vidéo : la concurrence, et en premier lieu Facebook. Le réseau social, qui dispose des moyens financiers propres aux Gafa, s’est récemment lancé dans la partie hyperattractive de la vidéo. Un support promis à un avenir radieux par tous les experts du marketing, de la publicité et des usages sur le Net. Si Facebook et Netflix n’affichent pour l’instant « qu’une centaine de millions d’heures » visionnées quotidiennement sur chacune de leur plate-forme, ils voudront eux aussi leur part du gâteau aux milliards... de bougies.

 

@Quentin Lepoutre

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