Arnaud Leleu (Will & Walt) : « Les bureaux doivent promouvoir une culture dynamique et innovante »
Décideurs. Pouvez-vous nous présenter les spécificités et les avantages du « Flipboard » par rapport aux bureaux classiques ?
Arnaud Leleu. En rupture avec le référentiel esthétique du mobilier de bureau traditionnel, le Flipboard interroge par son design et ses proportions. Il définit une nouvelle approche du travail, du mobilier et donc de la façon d'aménager les espaces.
Le système mécanique simple et intuitif qu'il intègre, permet de rompre la monotonie et d'alterner les positions tout au long de la journée, favorisant ainsi le bien-être et la créativité.
Pour donner envie de travailler autrement, et afin qu'il ressemble à chaque utilisateur, le Flipboard est personnalisable. Fabriqué à partir de matériaux nobles (Bois massif - Acier) en France, nous le traitons avec des produits de finition naturels sans solvant, pour garantir un environnement de travail sain, préservant la santé.
Quel est l’état du marché en France ? D’autres régions du monde sont-elles plus sensibles à cette offre qui bouleverse nos habitudes ?
Nous connaissons la réticence au changement des Français, le marché n’en est donc encore qu’à ses prémices.
Plus sensibles au bien-être au travail, les pays Nordiques sont précurseurs et ont adopté cette approche il y a bien longtemps, il y a plus de dix ans. Certains pays comme le Danemark ont même légiféré sur l'obligation des employeurs à fournir à leurs employés des postes de travail adaptés à leur morphologie.
Les États-Unis ont plus récemment suivi cette tendance qui connait à présent un grand engouement. Des séries de tests ont été mises en place dans des entreprises et même dans des écoles, et les résultats sont impressionnants sur les bienfaits et les performances des individus. En très peu de temps, nous avons pu assister à la création de sociétés spécialisées dans le domaine comme FOCAL (créée par Martin KEEN en 2013, fondateur également de KEEN Outdoor), qui ont connu en quelques années une croissance exceptionnelle, dépassant en moins de quatre ans les vingt millions de dollars de chiffre d'affaires.
En France, le changement est en marche, il fallait peut-être juste y apporter notre french touch !
La posture assise est-elle l’ennemie de la créativité et de l’audace comme votre slogan « Qui vous a dit de rester sagement assis » le laisse entendre ?
Incontestablement ! La position assise n'est pas une fatalité. Bien que depuis notre plus tendre enfance on nous dit "assois-toi et écoute".
Les risques d'une sédentarité accrue ont été mis en évidence depuis plusieurs années par de nombreuses études. Douleurs au dos, dégénérescence musculaire, problèmes circulatoires, maladies cardiaques, diabète, cancer du côlon, décès prématuré sont quelques-uns des risques qu'encourt le travailleur sédentaire. Notre corps est fait pour être en mouvement, cela favorise la circulation sanguine et garantit une bonne oxygénation du cerveau. Notre activité cérébrale est plus performante.
Il faut rompre avec le conformisme. Les outils, la façon de travailler et de manager ont beaucoup évolué. Il faut faire savoir à ses collaborateurs que l’on a confiance en eux, leur laisser la liberté de s'exprimer et respecter leur choix. Cela les rend plus autonomes, plus engagés et donc plus créatifs.
À l’heure des open spaces standardisés pour limiter les coûts, les entreprises peuvent-elles offrir un tel mobilier à leurs employés ?
L'organisation et les lieux de travail sont en pleine mutation, aujourd'hui nous pouvons travailler de presque partout. Je ne pense pas que les open spaces soit une solution. Quand on sait que le taux d'occupation moyen d'un poste de travail attitré en France est de 45 %, cela signifie que le reste du temps ce poste est inoccupé et coûteux, chauffé et éclairé. Le calcul est rapide quand on sait que le coût moyen annuel d'un poste est de 12 000 euros.
Les entreprises doivent donc se réinventer, et faire confiance à leurs collaborateurs en les laissant travailler depuis des tiers lieux (home office, espace de coworking...).
L'entreprise doit être un lieu où travailler, créer, imaginer, être en interaction. Les espaces doivent traduire cette économie de la connaissance, et non marquer les hiérarchies. Les bureaux doivent promouvoir une culture dynamique et innovante, favorisant le bien-être et le développement personnel. Ce sont des avantages concurrentiels, émotionnels et financiers majeurs qui participent à l'attractivité et à la fidélisation des talents.
Derrière le mal-être, il y a une perte de productivité et de performance. Le retour sur investissement est simple à calculer !
Quel a été votre rythme de développement depuis vos débuts et quelles sont vos prospectives aujourd’hui ?
Notre rythme de développement a été assez lent pour le moment, par choix. Après quelques mois de développement, cela nous tenait à cœur de rapidement faire tester le produit et d’avoir des retours d’utilisateurs. Pour cette raison, nous avons lancé la commercialisation en direct via nos réseaux proches et les réseaux sociaux. Nous n'avions pas les fonds nécessaires pour lancer une production en série, alors nous avons fabriqué nous-mêmes de façon artisanale les 25 premiers exemplaires numérotés, qui ont été livrés dans les six premiers mois de l’année. Les retours ont été très bons et notre communication sur les réseaux sociaux a vite suscité l'engouement. Le carnet de commandes s'est rempli, il a donc fallu rapidement identifier nos partenaires pour pouvoir produire en série. C'est aujourd’hui chose faite.
À présent, nous sommes en recherche active de financements pour assurer le bon développement de l'entreprise. Nous voulons développer notre offre (certains produits sont déjà en phase de prototypage), et également nous structurer et déployer notre stratégie commerciale. J’espère que certains sont prêts à soutenir le changement !
Propos recueillis par Thomas Bastin