À 30 ans, la Française pilote le département vidéo de Facebook, devenu en quelques années seulement le principal axe de développement du roi des réseaux sociaux.

Décideurs. Comment Facebook parvient-il à se distinguer des autres réseaux en matière de vidéo ? 

Fidji Simo. La première des choses qui nous différencie, c’est notre capacité à encourager la découverte de contenus. Avec la technique de l’autoplay, par laquelle les vidéos se lancent automatiquement sur le fil d’actualité des utilisateurs, ils visionnent ainsi des contenus sur lesquels ils n’auraient potentiellement pas cliqué par eux-mêmes. C’est quelque chose de très puissant, parce que les utilisateurs ne savent pas toujours ce qu’ils veulent voir sur Facebook. Nous sommes en capacité de leur permettre de visionner des vidéos en lien avec leurs goûts, avec ce qu’ils aiment. Ce qui en fait une expérience véritablement personnalisée.

 

Comment l’aspect « social » permet-il aussi à Facebook de tirer son épingle du jeu en matière de vidéo ?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 48 % du temps passé par les utilisateurs à regarder des vidéos sur Facebook vient du partage entre amis. Ce lien rend les vidéos encore plus attractives. C’est d’ailleurs particulièrement vrai pour ce qui est du live. Facebook offre à ses utilisateurs la possibilité d’amener leurs amis avec eux dans un moment précis.

 

« Nous prenons la modération très au sérieux. Nous sommes totalement conscients de notre responsabilité.  »

Comment contrôler le contenu partagé en live par les utilisateurs ?

Nous prenons la modération très au sérieux. Nous sommes totalement conscients de notre responsabilité. Nous avons à ce titre édicté des standards de communauté sur lesquels nous communiquons largement pour que chacun sache ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. Cela permet aussi aux utilisateurs de signaler une vidéo qui semblerait enfreindre les règles à notre équipe dédiée à la modération. Disponible 24 heures sur 24, celle-ci est en mesure de suspendre une vidéo en plein direct si elle considère que le contenu est problématique. Nous vérifions également le contexte de chacune d’entre elles. C’est fondamental et c’est quelque chose que nous essayons d’améliorer en permanence pour réussir à trouver le juste équilibre entre la liberté d’expression et la sécurité.

 

Combien de personnes travaillent quotidiennement sur la modération ?

Nous ne communiquons aucun chiffre.

 

En quoi la vidéo est-elle aujourd’hui l’un des principaux axes de développement commerciaux de Facebook ?

Le format vidéo est particulièrement apprécié par les publicitaires car il permet de répondre aux différents besoins des marques en termes de communication. Mais il faut bien comprendre que nos produits s’adaptent d’abord aux usagers. Le format vidéo est apprécié par les utilisateurs, c’est pourquoi nous l’avons ensuite proposé aux annonceurs.

 

« Nous proposons à nos clients de faire de la publicité ciblée en fonction des centres d'intérêts des utilisateurs.»

 

Les algorithmes qui vous permettent de personnaliser le contenu des vidéos vous aident aussi à cibler les annonces...

Oui. Notre modèle est basé sur la publicité et nous proposons à nos partenaires et à nos clients de faire de la publicité ciblée en fonction des centres d'intérêts des utilisateurs. Mais il n'y a pas de conflit d'intérêt avec le ciblage de contenu qui est lui uniquement lié à l’expérience.

 

 

 

Facebook a récemment été soupçonné d’avoir gonflé les audiences des publicités vidéo en raison d’une mauvaise audience. Pouvez-vous nous expliquer ?

Bien sûr. Comme nous l’avons indiqué, il s'agissait d'un bug de l’un de nos indicateurs de calculs vidéo. Celui-ci a été corrigé et n'a pas eu d'incidence sur la facturation. Nous avons immédiatement revu nos méthodes de mesures de façon à ce que celles-ci soient les plus transparentes possibles. Malheureusement, les erreurs arrivent, même en si nous faisons en sorte d'en avoir le moins possible. Nous construisons au quotidien une relation de confiance avec nos partenaires. Nous souhaitons communiquer avec eux dès que nous rencontrons ce genre de problèmes pour limiter leurs effets négatifs.

 

Quel sont les prochains défis en matière de vidéo ?

Nous aimerions développer des formats encore plus sociaux et encore plus immersifs. Pour ce faire, nous misons sur la vidéo 360°. C’est un produit que l’utilisateur apprécie particulièrement car il le place au cœur de l’action. De façon générale, nous travaillons aussi avec nos créateurs de contenus (célébrités, entreprises médias, entreprises de news, artistes, sportifs…) pour s'assurer qu'ils disposent des outils nécessaires pour utiliser Facebook. Sur la question de la monétisation, nous lancerons d’ici la fin de l’année l’insertion de publicités au milieu d’un live, ce qui devrait inciter les créateurs à investir davantage sur notre plate-forme. Ce sont pleins de petits pas qui améliorent l’expérience sur Facebook à la fois pour les utilisateurs et pour les créateurs.

 

 

Propos recueillis par Capucine Coquand

@CapucineCoquand

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