Yves Lapierre (Inpi) : « la contrefaçon est toujours présente en Chine »

Décideurs. Le métier de directeur de la propriété intellectuelle n’est plus le même qu’il y a dix ans. Quelles mutations avez-vous constatées ?

Yves Lapierre. Mon rêve serait que le métier de directeur de la propriété intellectuelle ne soit plus seulement perçu comme une simple commodité, mais comme un véritable levier dans la stratégie du groupe ! Au cours des trente dernières années, les entreprises ont pris conscience de l’importance de la protection de leur R&D. Ce virage s’est traduit par une évolution notable du rôle du directeur de la propriété intellectuelle au sein de l’entreprise : son métier est passé du simple stade défensif au stade offensif, ce qui signifie que  les entreprises font désormais appel à lui avant même d’être confrontées à des difficultés juridiques. Après tout, le capital immatériel représente à lui seul près de 80 % de la valeur de l’entreprise, et la propriété intellectuelle y tient une place essentielle. Malheureusement, ce déplacement de la valeur matérielle vers la valeur immatérielle n’est pas encore pris en compte d’un point de vue comptable !

Décideurs. Quelles relations entretenez-vous avec la Chine, pays où la contrefaçon est particulièrement développée ?

Y. L. Malgré de réelles améliorations depuis une quinzaine d’années, la contrefaçon est toujours présente dans le pays, et elle reste difficile à identifier bien qu’elle soit particulièrement diffusée dans les lieux à fort afflux touristiques. Les autorités chinoises ont compris l’importance de la propriété industrielle, mais elles rencontrent des difficultés à mettre en œuvre la législation sur l’ensemble du territoire, qui est très vaste. N’étant plus une économie domestique, le respect de ces lois est devenu pour la Chine un argument d’attractivité déterminant auprès des investisseurs étrangers.

Propos recueillis par Héléna Suffrin