Alain Fiocco (Networking Academy, Cisco Systems) : « Nous devons sensibiliser les jeunes aux métiers de la filière numérique »
Entretien avec Alain Fiocco, leader du programme Networking Academy, Cisco Systems
Décideurs. Quelle est la genèse de la Cisco Networking Academy, aussi appelée NetAcad ?
Alain Fiocco. Le programme de la Networking Academy a été créé aux États-Unis par John Chambers, P-DG du groupe, comme une action RSE à part entière. La plate-forme est destinée aux écoles (publiques et privées) et se concentre sur la formation générale aux technologies de l’information. Elle ne s’adresse pas aux salariés de Cisco. Et si elle formait initialement aux technologies de réseaux, la NetAcad a élargi ses programmes jusqu’à l’acculturation aux nouvelles technologies. L’objectif : toucher des populations plus larges et moins techniques, ce qui permet d’intervenir plus tôt dans le cycle de formation (depuis le collège).
L’académie Cisco est une plate-forme qui délivre du contenu et des certifications à des enseignants qui, au sein d’établissements scolaires, sont prêts à intégrer notre programme dans leur curriculum. Environ cinq cents établissements sont labellisés Networking Academy à ce jour, notamment les lycées préparant au BTS Systèmes d’information, des IUT ou encore certaines écoles d’ingénieurs dispensant nos formations aux premières années, sans oublier les centres de formation du Cesi et de l’Afpa.
Les Mooc peuvent s’avérer moins efficaces quand il y manque l’accompagnement individuel
Décideurs. À quels besoins répond la NetAcad ?
A. F. En France, les formations informatiques qualifiantes sont souvent très techniques et délivrées au sein d’établissements de haut niveau. Avec la NetAcad, nous avons souhaité nous positionner comme une solution intermédiaire au moment de l’orientation des jeunes ou de la reconversion de professionnels en proposant des programmes adaptés. Bien entendu, nous ne sommes pas là pour remplacer les formations traditionnelles.
Nous nous sommes rendu compte également que le besoin était important concernant les cours d’acculturation, particulièrement avec la digitalisation de la société et de l’économie. Les cursus sont plus libres et la formation moins technique. Nous avons par exemple formé des personnes sans emploi en Amérique du Sud à très grande échelle afin qu’ils se familiarisent à l’Internet des objets et nous avons proposé une formation en Allemagne sur les smart grids à une population d’électriciens.
Décideurs. Cisco a signé un partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale en novembre 2015. Quels engagements avez-vous pris dans la contribution à la transition numérique dans le système éducatif ?
A. F. Nous nous sommes engagés sur plusieurs points. L’un des plus importants est l’éducation. John Chambers souhaitait augmenter de façon significative la surface du programme NetAcad. En France, nous avons formé autour de 100 000 personnes depuis le début du programme, avec environ 25 000 participants par an dans les établissements mentionnés. Avec ce partenariat, nous devrons former 200 000 personnes supplémentaires en trois ans, soit un rythme de croisière d’environ 100 000 étudiants par an.
Nos contenus d’acculturation au numérique sont très appréciés et ont été validés par le ministère. Essentiellement axés autour du e-learning, du serious game ou encore de la vidéo, ils contribuent à notre deuxième objectif, sensibiliser les jeunes aux métiers de la filière numérique.
Décideurs. Quels sont les enjeux de la formation de demain, les nouvelles méthodes d’apprentissage ?
A. F. NetAcad est un pionnier dans le e-learning depuis plus de quinze ans. En tant qu’entreprise innovante, nous voulons être à la pointe. Nos contenus ont évolué vers des outils de simulation, des labs virtuels ou encore des mises en situation plus ludiques. Nous accordons une importance particulière à l’implication des professeurs et des établissements dans la réalisation des programmes. Il apparaît indispensable de réaliser un suivi personnalisé dans la progression des élèves. Les Mooc peuvent s’avérer moins efficaces quand il y manque l’accompagnement individuel ou qu'ils ne s'intègrent pas un projet éducatif.
Propos recueillis par Julie Atlan