Fleuron de la technologie nippone, le chancelant Sharp pourrait passer dans le giron d’un investisseur étranger ou être sauvé par un fonds semi-étatique.

Sharp est aux japonais ce que Samsung est aux sud-coréens. En ce sens, la vente de l’entreprise en difficulté, proche d’une perte de 700 M$ sur le dernier exercice annuel, constitue autant une affaire transactionnelle que politique. Le gouvernement de Shinzo Abe est ainsi attendu sur la question de la libéralisation de l’économie nippone : appuiera-t-il du côté de l’investisseur taïwanais Foxconn, qui propose 5,1 MD$ pour la cible, ou du côté du fonds semi-étatique INCJ, offrant bien moins que l’industriel avec 2,6 MD$ ? Bien sûr, la tendance très interventionniste du Japon pour ses entreprises en difficulté et des garanties plus fortes en matière de sauvegarde d’emplois feraient pencher la balance en faveur d’INCJ. Pourtant, le conseil d’administration de Sharp a fait savoir qu’il pourrait approfondir l’offre de l’acteur privé étranger Foxconn, jusqu’ici connu pour sous-traiter les produits Apple. Cette annonce a ravi les marchés qui privilégient l’option économique à la passion politique (le titre Sharp a gagné 16,8 % après l’annonce). Prévue dans les prochaines semaines, la décision éclaircira certainement l’avenir du fabricant de téléviseurs, de smartphones et d’électroménager : sous perfusion bancaire depuis 2011 grâce au soutien de deux grandes banques japonaises, son salut ne pourra passer que par une restructuration importante, accompagnée d’un apport en capital frais.

 

FS

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