L’offensive d’App Annie
Basée à San Francisco, App Annie vient de réaliser une levée de fonds (série E) s’élevant à soixante-trois millions de dollars auprès de Greenspring Associates et de ses investisseurs historiques : e.Ventures, Greycroft Partners, Institutional Venture Partners (IVP) et Sequoia Capital. Créée en 2010 par le français Bertrand Schmitt, l’entreprise, qui surveille l’écosystème des applications mobiles, a déjà récolté quatre-vingt-quatorze millions de dollars dont cinquante-cinq millions de dollars levés il y a tout juste un an. Cet engouement des fonds prestigieux tient au business modèle de la start-up qui repose : côté pile sur l’édition de solutions d’analyse payantes et côté face sur l’offre gratuite aux publishers des classements des applications mobiles les plus téléchargées et les plus rentables sur l’App Store et autres Google Play. En une demi-décennie, App Annie a tracké pas moins de 700 000 applications générant vingt-cinq milliards de dollars de revenu pour quatre-vingt-trois milliards de téléchargements. À ce jour, la plate-forme compte 500 000 utilisateurs de ses services et a enregistré entre 2011 et 2014 une croissance de 5 383 % de son chiffre d’affaires dont 50 % est réalisé aux États Unis, 35 % en Asie et 15 % en Europe. Avec cette nouvelle levée de fonds, App Annie devrait être en mesure d’alimenter cette hyper-croissance internationale en stimulant la création de nouveaux produits.
Vers une IPO ?
Issu de l’école de Wharton et estampillé techno-addict, M. Schmitt a un CV qui donne le tournis. À l’instar de la montée en puissance de sa start-up qui a ouvert une quinzaine de bureaux dans le monde, quadruplé ses effectifs en quatre ans – ils sont 418 aujourd’hui et seront 500 collaborateurs fin 2016 - et multiplié les acquisitions stratégiques ces deux dernières années. D’abord Mobidia, pionnier dans l’analyse des usages des applications mobiles, puis en 2015 Distimo, le spécialiste en audit d’apps et sites Internet. L’offensive de la plate-forme sur le marché des apps, dont les revenus ont été multipliés par 1,7 en 2014, ne fait que commencer. La nomination au board d’App Annie de Zach Nelson, CEO de l’entreprise Netsuite, principal fournisseur mondial de logiciels de gestion d'entreprise dans le cloud, sonne comme la cloche lors d’une IPO. Ce pionner du SaaS a accompli un tour de force en accompagnant en 2007 la start-up sur le chemin pavé d’embûches de l’IPO. Et même si Bertrand Schmitt se refuse à considérer une entrée en Bourse en 2016, il n’est pas dit que le Nasdaq ou le Nyse ne lui ouvre pas ses portes en 2017.
Émilie Vidaud & Richard Trainini