Claire Wyart : Tête chercheuse
Beaucoup disent qu’elle pourrait prochainement décrocher le prix Nobel de médecine. À ceux-là Claire Wyart rétorque sans ambages?: « Je ne suis pas avide de la reconnaissance de la société. » Ce que veut cette chercheuse, docteur en biophysique et neurosciences, c’est « comprendre comment réactiver les circuits moteurs chez l’homme ». Et à observer l’avancée des travaux conduits par son équipe de quinze personnes, tous les espoirs sont permis. Depuis presque cinq ans, Claire Wyart cherche à comprendre comment les circuits spécifiques de la moelle épinière sont recrutés pour mettre en place une série d’actes locomoteurs complexes. Autrement dit, comment réparer les lésions de la moelle épinière qui provoquent aujourd’hui chez l’homme des paralysies incurables?? En novembre dernier, les premiers résultats prometteurs sont tombés avec la découverte de neurones sensoriels capables de contrôler le mouvement. « C’est un énorme espoir », lâche la chercheuse dont l’ADN en dit long. Élevée dans une famille matriarcale, elle est la fille de Françoise Brochard-Wyart, éminente physicienne française, professeure à l’Institut Curie. « Ma mère m’a montré que c’était possible », dit celle qui a obtenu pour ses travaux de recherches des financements internationaux – European Research Council, Human Frontier Science Program et National Institutes of Health – rarement attribués à une équipe française.
Décideurs. Après cette découverte significative, quelle est la prochaine étape ?
Claire Wyart. En étudiant le poisson zèbre en mouvement [un vertébré transparent observable grâce à la technique de l’optogénétique qui stimule les neurones grâce à la lumière], on a en mis en évidence une nouvelle interface sensorielle qui va depuis le liquide céphalo-rachidien moduler l’activité des réseaux moteurs. Ce qui est intéressant, c’est que ces cellules peuvent déclencher la locomotion. Cela nous intéresse de comprendre dans un premier temps comment on les active, puis dans quelle mesure elles vont contrôler l’activation des circuits de la moelle épinière. Pour 2016, j’aimerais mettre en place un programme pour lancer l’expérience chez l’homme. Pourquoi pas au Centre d’investigation clinique de l’ICM??
Pourquoi on parie sur lui?: elle pourrait décrocher le Nobel de médecine.
Taux de réussite?: 78 %.
Sa réputation?: elle démarre sur les chapeaux de roue.
Émilie Vidaud