Les licornes ne sont pas immortelles

Valorisée quelque dix milliards d'euros par un pool de capital-risqueurs américains, Theranos est, pour le monde de la tech et de la finance, une licorne. Cette appellation, qui regroupe donc toutes les entreprises privées dont la valorisation dépasse le milliard de dollars, laisse de nombreux observateurs rêveurs : tout d’abord, ces start-up peuvent se permettre de se développer à tour de bras grâce à la maîtrise de leur hyper croissance. Ensuite, l’énorme soutien reçu des VCs constitue (ou devrait constituer) un gage de solidité financière et de crédibilité commerciale, traduisant les multiples revues de leur business model réalisées par certains des meilleurs analystes de la planète.

Cela étant précisé, quelques sceptiques, à l’image du journaliste de Fortune Alan Murray, prévoit la mort certaine d’un « groupe grandissant de licornes ». Theranos pourrait bien être l’une d’entre elles, le Wall Street Journal ayant révélé la fragilité de cette biotech. Pour le journal américain, auteur d’une étude menée auprès d’anciens employés et de spécialistes du secteur pharmaceutique, l’activité de test sanguin ultrarapide précis et complet de la société présenterait en fait de vraies lacunes. À tel point qu’elles remettraient en cause le caractère innovant de Theranos. Bien que le groupe implanté dans la Silicon Valley se soit empressé de contredire ladite étude, il sera maintenant intéressant de voir comment le marché réagira. Les VCs vont-ils réviser les scans qu’ils font des jeunes pousses brillantes ? Le secteur pharmaceutique doit-il réfléchir à une refonte des phases de recherche clinique ? Dans l’attente de nouvelles réponses sur ces sujets, les licornes peuvent en tout cas prendre conscience, si tel n’est pas encore le cas, de leur statut de « mortel ».

FS (Firmin Sylla)