Paulin Dementhon (Drivy) : « Nous pourrions demain nous implanter hors d’Europe »
Décideurs. Buzzcar en avril, Livop en mai puis récemment l’allemand Autonetzer… Pourquoi Drivy rachète-t-il ses concurrents avec une telle boulimie ?
Paulin Dementhon. Ces acquisitions ont fait de nous le leader européen de la location de véhicule entre particuliers. En levant huit millions d’euros en avril, nous avons renforcé notre organisation et notre solidité financière. C’était une étape indispensable pour stimuler notre croissance externe. Aujourd'hui, nos interlocuteurs savent que nous avons les ressources et les compétences nécessaires pour atteindre nos objectifs. Si notre priorité reste la croissance organique, ces opérations augmentent l’effet de réseau. Plus nous comptons de membres, plus Drivy devient utile au plus grand nombre. Lorsque nous avons lancé notre plate-forme en 2010, nous comptions un milliers d'usagers pour environ 200 voitures à louer. Aujourd’hui, plus de 800 000 utilisateurs et 30 000 véhicules sont enregistrés sur notre site.
Décideurs. Comment menez-vous votre internationalisation ?
P. D. Notre marché étant très jeune, les opportunités d’acquisitions sont assez limitées. Nos concurrents étrangers sont encore petits et peu nombreux. En Espagne, nous n’avons pas trouvé de partenaire avec lequel réaliser des synergies, c’est pourquoi nous avons préféré ouvrir un bureau comme nous l'avions fait en Allemagne, à Berlin en décembre 2014. Les rencontres avec les équipes d’Autonetzer nous ont ensuite convaincus de la complémentarité de nos offres et de la pertinence d’un rapprochement. Ce choix était avant tout pragmatique. Nous ne l’avions pas envisagé à l’avance.
Décideurs. Comment voyez-vous Drivy dans cinq ans ?
P. D. Notre ambition est de révolutionner l’usage de l’automobile. Blablacar participe à cette transformation et son succès est une chance pour nous. Frédéric Mazzella, son fondateur, a rendu notre secteur et l’écosystème des start-up françaises crédibles. Si notre développement est aujourd'hui européen, nous pourrions demain nous implanter hors d’Europe. En attendant, nos revenus progressent et devraient doubler en 2015. Dans les années à venir, nous ambitionnons de multiplier par cent le montant total des locations. Je suis convaincu qu’il peut atteindre plusieurs milliards d’euros. Pour cela, il nous faudra accroître le nombre de locations de courte durée en simplifiant les interactions avec nos utilisateurs.
JHF
Image (c) Marc G Gauthier