Le combat semblait inégal en cette fin des années 1980 entre la puissante TF1 et la naissante M6. Pourtant, les deux chaînes l'ont toujours joué sur le thème d'une concurrence frontale. À l’aune des bouleversements survenus dans le secteur, l'écart est-il toujours si net ?

1 – Audience : TF1


Au premier semestre 2015, la famille des chaînes gratuites du groupe M6 réalise une part d’audience moyenne de 13,4 % sur les « 4 ans et plus », alors que l’audience cumulée des quatre chaînes de TF1 atteint 27,8 %. M6 est malgré tout le seul groupe des « historiques » à connaître une augmentation de ses parts d’audience de + 0,1 point. 

L’écart se retrouve au niveau des chaînes : TF1 reste la plus regardée de France pendant ce semestre. Sur la fameuse cible commerciale des femmes de moins de 50 ans, la plus prisée car responsable des achats, la « une » fait beaucoup mieux que la « six » : sa part d’audience est de 23,6 % contre 14,9 % pour M6. C’est tout de même moins qu’un an plus tôt où TF1 était à 24,3 %.


2 – Résultats : TF1


Au 30 juin 2015, le chiffre d’affaires semestriel du groupe TF1 était de 981 millions d’euros, en baisse de 17 % par rapport à la même période en 2014. Cette chute est majoritairement attribuée à la vente d’Eurosport. Le chiffre d’affaires se décompose entre 775 millions d’euros pour la publicité, en croissance de 1 %, et 206 millions pour les autres activités. De son côté, M6 affiche un chiffre d’affaires consolidé de 629,9 millions d’euros avec un fléchissement de 0,7 % par rapport à 2014. 

Du côté des résultats opérationnels courants, M6 est bien plus performant que TF1 avec 102,6 millions d’euros pour le premier semestre 2015, en repli de 7,9 millions d’euros, alors que TF1 arrive tout juste à 97 millions d’euros malgré une progression de cinquante millions d’euros. Le résultat net départage les deux puisque TF1 comptabilise 61 millions d’euros… avec un effondrement de 260 millions d’euros sur un an. De son côté, M6 atteint 58,3 millions d’euros. La filiale de Bouygues a également une capitalisation boursière de 2,91 milliards d’euros alors que celle de M6 est « tout juste » de 2,18 milliards d’euros.


3 – Publicité : TF1


Le numéro un du petit écran réalise au premier semestre un chiffre d’affaires publicitaire de 769,3 millions d’euros, ventilé entre 733,3 millions d’euros issus de la télévision et 36 millions d’euros des autres supports. Des montants qui ne concernent que l’offre gratuite (TF1, HD1, NT1 et TMC). L’offre payante (LCI, TV Breizh, Histoire…) rapporte 5,4 millions d’euros au groupe, dont 4,1 millions d’euros pour les chaînes thématiques et 1,3 million pour Eurosport France - TF1 a vendu la totalité de ses parts dans Eurosport en juillet 2015. 

La filiale de RTL Group engrange de son côté 405,6 millions d’euros en recettes publicitaires : 381 millions d’euros pour les trois chaînes gratuites (M6, W9 et 6ter), le reste provenant des chaînes payantes, notamment Paris Première et Teva.


4 – Production et droits audiovisuels : M6


Pour TF1, l’activité « contenus » génère sur les deux premiers trimestres 2015 32,9 millions d’euros de recettes, en baisse de 48,4 %, un recul net de 30,8 millions d’euros. Fin juin 2015, 295 heures de programmes ont été livrées par TF1 Production aux autres chaînes du groupe. Cela se traduit par un résultat opérationnel courant de 2,3 millions d’euros contre 10,8 millions d’euros  au premier semestre 2014. L’activité production et droits audiovisuels de M6 résiste mieux avec un chiffre d’affaires de 48,6 millions d’euros, en recul de 12,3 % par rapport au premier semestre 2014.  


5 – Numérique : M6


La nouvelle version du site MYTF1 lancée fin mai 2015 en témoigne : le numéro un français tente de négocier le virage numérique et surtout de rattraper son retard. Le site et les applications rassemblent 8,4 millions de catch-uppers par mois. Les recettes numériques du groupe s’élèvent à 48,6 millions d’euros, en chute de 5,1 %, et le résultat opérationnel se monte à 10,8 millions d’euros. M6 Group se positionne lui comme un pilier du digital : il a notamment été le premier à lancer un service de rattrapage vidéo en 2008. Avec un résultat opérationnel courant de 16,8 millions d’euros au premier semestre 2015, M6 Web fait bien mieux que TF1. C’est également le cas pour son chiffre d’affaires qui progresse de 11,4 % à 50,1 millions d’euros grâce au rachat d’Oxygem, un service de conseil en e-marketing. Avec 13,9 millions de visiteurs mensuels, M6 est le premier groupe français de télévision sur Internet.


Conclusion : TF1 : 3 – M6 : 2


Résultat des courses : TF1 finit en tête avec des chiffres très supérieurs à ceux de M6. Rien d’étonnant à cela vu la différence de taille initiale des groupes. Mais le numéro un devra se méfier d’un outsider qui avance vite et fort depuis ses débuts et le tacle dans des domaines qui pourraient révolutionner la télé de demain. Parallèlement, les deux groupes se sont récemment accordés pour présenter un projet de chaîne commune de téléachat devant le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Ils visent les 400 à 600 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une alliance qui, à l’instar de leur position commune sur la publicité après 20 heures, montre que les deux ensembles peuvent être aussi complices et pas simplement ennemis.


S.S.S.

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