Le cabinet de management de transition Axcel Partners a adopté une stratégie d’implantation internationale pour accompagner au plus près les grands groupes dans leurs transformations.
"Nos process et exigences sont mondiaux, et être locaux permet de s’adapter aux spécificités du pays", par Frédéric Marot-Achillas, Denis Azria et Philippe Escudero (Axcel Partners)
Décideurs RH. Quels sont les bénéfices liés à votre présence physique à l’international ?
Frédéric Marot-Achillas. Le fait d’avoir nos bureaux à l’étranger et de ne pas fonctionner sous forme de partenariats, en Chine, Suisse, Allemagne, Brésil, Italie et bien sûr en France, possède des avantages multiples et irremplaçables : chacun de nos bureaux partage le même cahier des charges et nos valeurs d’intégrité, de transparence et de résultats, un vivier en commun de plusieurs milliers de managers que nous connaissons et en qui nous avons toute confiance, qui se décline en viviers propres à chaque pays.
Nos contrats sont les mêmes, ce qui accélère les processus administratifs, et grâce à ces implantations, nous savons précisément comment les adapter au cadre réglementaire et aux usages locaux. Ainsi, nous contractualisons avec nos clients en direct et nous suivons la qualité des projets en exécution sur place. Tout cela, ce sont des avantages que l’on ne peut développer que dans le cadre d’un réseau en propre.
Comment organisez-vous votre vivier et le suivi de vos missions ?
Denis Azria. Notre vivier est commun mais nous fonctionnons par pays et par industrie : nos associés sont des experts de leur secteur et doivent exercer l’ensemble du métier. Chez Axcel Partners, chaque associé assure ainsi à la fois la relation avec un vivier de managers de transition qualifiés pour un secteur donné et le suivi des missions. Un associé du secteur automobile sera responsable de l’adéquation de son vivier par rapport à la demande du marché et sera, de ce fait, en mesure de renforcer notre base de managers sur ce secteur. Les associés enrichissent leur vivier sectoriel en effectuant des recherches spécifiques et en traitant les propositions de collaborations au cas par cas. C’est donc l’associé qui qualifie chacun de nos managers pour son adéquation avec une mission, ses exigences et le secteur dans lequel il sera performant.
Il y a aussi un intérêt commercial à manipuler les codes locaux…
Philippe Escudero. Nous sommes dans une démarche "régionale" : dans le même temps, nos process et exigences sont mondiaux, et être locaux nous permet de nous adapter à des processus et cadres spécifiques à chaque pays : dans certains lieux, les processus de validation sont plus encadrés, les lois de conservation des données présentent des spécificités, les pratiques relatives aux durées de contrats varient. Cela constitue une expertise culturelle, économique et politique locale.
D. A. Il est rare que nos missions soient intégralement conduites de façon multinationale, cependant lorsque nous menons une mission aux enjeux stratégiques et critiques dans une filiale étrangère, l’axe corporate sera nécessairement intégré dans la boucle, ce qui induit donc un double reporting : local et au niveau du groupe. Dans ce genre de cas, l’implantation de nos bureaux sur place constitue une force qu’aucun partenariat ne peut égaler.
Enfin, sur le terrain, il est indispensable à nos yeux que nos managers aient, pour nos clients et leurs équipes, un respect similaire au nôtre. Cela nécessite des audits, des sondages, et le fait d’être présents localement demeure aussi une garantie pour la qualité et la mise en œuvre de nos valeurs tout au long des missions.
F. M.-A. Pour autant, nous restons pertinents, y compris lorsque nous ne sommes pas implantés sur place : face à une multinationale, il y aura toujours une business unit en crise quelque part dans le monde. Il nous est récemment arrivé qu’une unité au Moyen-Orient ou au Japon soit en crise, et en moins de 48 heures, nous avons trouvé une personne parfaitement capable qui s’est déplacée et a redressé des situations très complexes.
Nous avons appelé notre cabinet "Axcel" en référence aux mots "accélération", car notre mission est d’accélérer la performance de nos clients, et "excellence", car c’est tout l’objet de notre engagement
Comment garantissez-vous la performance de vos services face à des clients dont les besoins sont urgents et particulièrement complexes ?
F. M.-A. Nous avons appelé notre cabinet "Axcel" en accolant les mots "accélération", car notre mission est d’accélérer l’obtention de la performance attendue par nos clients, notamment en accélérant leur accès à des ressources critiques, et "excellence", car c’est tout l’objet de notre engagement : toute mission que nous signons engage notre parole et notre obligation de résultat, et il nous semble nécessaire de porter haut cette signature.
Nous disposons, dans notre méthode, d’un outil qui s’appelle le "48.3", qui veut dire que nous avons de l’impact dans les 48 heures qui suivent le démarrage de nos missions : concrètement, en 48 heures, le client sait qu’il y a un pilote dans l’avion. Le 3, lui, rappelle que la démarche est de long terme : trois ans. Cela suppose qu’à l’issue de la mission, nous ferons une passation, que notre action sera pérennisée et que les process mis en place représenteront un héritage dont la valeur s’inscrira dans la durée pour l’entreprise. Dans la mesure où notre devoir est toujours d’aider l’entreprise à passer un cap, il est fondamental de s’adapter et s’y intégrer très rapidement (en 48 heures) : nos managers doivent être en capacité de trancher sur des décisions importantes dans des délais très courts, tout en identifiant les points forts de l’entreprise sur lesquels capitaliser. En fin de mission, au moment de « rendre les clés », l’entreprise est robuste, sans que nous ayons remis en cause son ADN de départ qui constituait sa plus grande richesse.
P. E. La notion de "transmission" nous est particulièrement chère : nous transmettons nos valeurs cœur au sein du groupe à nos bureaux étrangers, et nous nous attachons à transmettre aux équipes du client les éléments de notre méthode pour qu’elles se les approprient, au service de leur croissance et de l’amélioration de leurs performances.
Outre la France où se situe votre siège, vous avez des bureaux au Brésil, en Allemagne, en Italie, en Suisse et en Chine : pourquoi avoir choisi ces pays ?
D. A. Avoir un bureau en Allemagne était assez évident : c’est le premier partenaire économique de la France et nombreux sont les groupes qui y ont des filiales, en plus des entreprises allemandes qui recourent souvent au management de transition. Il y a aussi des pays dans lesquels nous avons des clients, par exemple le Brésil, où nous travaillons dans les secteurs des infrastructures, minier et agroalimentaire, des secteurs sur lesquels nous sommes également sollicités en Europe.
Notre stratégie d’implantation est multiple : certains grands groupes internationaux avec lesquels nous collaborons nous ont incités à développer nos propres bureaux là où ils sont : certaines demandes sont même en attente ! Il s’agit d’un travail de coopération et de présence.
Il arrive aussi que nous ouvrions un bureau grâce à une rencontre : par exemple, nos bureaux italien et suisse ont été créés après avoir rencontré quelqu’un de marquant, dont les valeurs, l’exigence et l’expertise rejoignaient les nôtres.
Les missions ne peuvent être menées dans des conditions idéales que si nous sommes spécialistes des sujets qu’apportent nos clients
Concernant vos secteurs de prédilection, vous êtes très spécialisés : pourquoi ce choix ?
D. A. Par rapport à beaucoup d’autres cabinets, nous sommes très focalisés sur l’industrie. Les associés d’Axcel Partners ont tous des expériences considérables dans ce domaine, au sein de grandes entreprises ou dans le conseil. Nous nous spécialisons parce que c’est ce que nous connaissons, et nous avons l’humilité de ne pas nous positionner sur des secteurs que nous ne comprenons pas : nous estimons que les missions ne peuvent être menées dans des conditions idéales que si nous sommes spécialistes des sujets qu’apportent nos clients. En infrastructure, automobile, industrie agroalimentaire, ou chimie fine, des spécificités existent qui, pour respecter le 48.3 que nous évoquions précédemment, nous obligent à positionner des personnes qui connaissent en détail tous les process et particularités propres au secteur pour assurer une exécution de projet optimale et rapide.
Pour autant, nous élargissons progressivement nos champs dans ce vaste secteur : l’agroalimentaire, les infrastructures et le béton sur lesquels nous sommes aujourd’hui actifs sont des secteurs que nous ne maîtrisions pas à l’origine. Il y a aujourd’hui très peu d’industries que nous ne couvrons pas. Cette spécialisation nous place comme références auprès de nos clients, et nous évite de nous disperser pour conserver un haut niveau de prestation.
Entretien avec Frédéric Marot-Achillas, Denis Azria et Philippe Escudero, managing partners, AXCEL Partners