Après deux années consécutives de forte progression des marchés, Alexandre Attal, directeur de la gestion multi-actifs chez Russell Investments France, partage les perspectives pour 2025 de la société de gestion. Entre ajustements de portefeuille, dynamique des banques centrales et tensions géopolitiques, il décrypte les grandes tendances qui façonneront les marchés dans les mois à venir.

Décideurs. Qu’attendre des marchés en 2025 ?

Alexandre Attal. 2024 se termine sur une note globalement positive, avec une hausse de plus de 20 % pour les actions internationales. C’est la deuxième année consécutive de forte performance des actifs risqués, et la question qui se pose naturellement est de savoir si ce cycle peut encore durer. Historiquement, il est arrivé que les marchés actions enchaînent trois années positives, comme à la fin des années 1990. Une telle continuité n’est donc pas impossible.

Pour 2025, plusieurs facteurs clés seront à surveiller. Le premier est la politique monétaire des banques centrales. La Fed et la BCE ajustent déjà leurs trajectoires de baisse des taux. Aux États-Unis, l'économie reste solide, avec un taux de chômage proche de 4 %, une consommation résiliente et une inflation globalement maîtrisée. La Fed prévoit désormais trois baisses de taux en 2025, contre six ou sept anticipées il y a encore quelques mois. En Europe, le ralentissement économique est plus marqué, mais l’inflation est retombée sous les objectifs de la BCE, offrant une marge de manœuvre pour des ajustements monétaires. Les banques centrales seront donc des acteurs essentiels du marché cette année encore.

 

Les facteurs géopolitiques peuvent-ils venir perturber les marchés ?

Les dynamiques politiques et géopolitiques joueront effectivement un rôle majeur. Aux États-Unis, l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche génère beaucoup d’incertitudes, notamment en matière de commerce international. Ses premières déclarations laissent entrevoir une politique commerciale agressive, avec une montée des droits de douane visant à protéger l’économie américaine.

"Les premières déclarations de Trump laissent entrevoir une politique commerciale agressive"

Si l’Europe et la Chine peuvent être les premières visées, l’impact pourrait s’étendre à l’Amérique latine et à d’autres marchés émergents. L’histoire nous enseigne que Trump utilise la pression commerciale comme levier de négociation. Nous devons donc nous attendre à des phases de tensions suivies de compromis.

Sur le plan géopolitique, les tensions au Moyen-Orient et le conflit russo-ukrainien restent des sujets majeurs. Une désescalade sur ces fronts pourrait être bénéfique pour l’Europe, notamment en allégeant la pression sur les prix des matières premières.

Comment ces perspectives influencent-elles vos allocations de portefeuille ?

En 2024, nous avons maintenu une position constructive sur les marchés actions, avec une surpondération sur les actions américaines, les small caps et le crédit investment grade. Ces choix ont bien fonctionné, les actions internationales ayant progressé de plus de 20 %.

Pour 2025, nous conservons un biais positif sur les actions, notamment américaines, tout en diversifiant davantage nos expositions. Les actions européennes sont sous-pondérées, car l’environnement économique y est plus incertain. Nous privilégions également les small caps américaines, qui devraient mieux résister aux tensions commerciales grâce à leur orientation domestique. De plus, une baisse des taux aux États-Unis pourrait améliorer leurs conditions de financement.

Sur le plan sectoriel, nous avons renforcé notre exposition à l’immobilier coté, qui avait été fortement pénalisé en 2022. Avec la perspective d’une normalisation des taux, ce secteur pourrait bénéficier d’un effet de rattrapage significatif, d’autant que ses valorisations restent attractives.

Qu’en est-il de la sphère obligataire ?

La volatilité sur le marché obligataire a été beaucoup plus élevée que sur les actions en 2024. Cela s’explique par les incertitudes sur la trajectoire des banques centrales, notamment la Fed, qui a ajusté ses prévisions de baisses de taux en raison de la bonne santé de l’économie américaine.

Nous avons racheté de la duration sur les obligations gouvernementales lorsque le taux à 10 ans américain a dépassé les 4,5 %. Nous envisageons de renforcer cette position tactiquement si de nouvelles hausses de taux offrent des points d’entrée intéressants.

"La dette émergente en devises dures offre des rendements attractifs et une bonne qualité de crédit" 

En revanche, sur le crédit investment grade, les primes de risque se sont fortement resserrées, limitant le potentiel de performance. Pour diversifier nos portefeuilles, nous avons donc augmenté notre exposition à la dette émergente en devises dures, qui offre encore des rendements attractifs et une bonne qualité de crédit.

Quel est votre positionnement sur les marchés émergents ?

Nous avons une approche globale sur les marchés émergents, avec un biais particulier pour l’Asie et la Chine. La Chine a montré un fort potentiel de reprise ces derniers mois, notamment grâce à des annonces de relance économique. Ses marchés actions ont rattrapé une partie de leur retard par rapport aux autres régions.

En revanche, l’Inde, après de bonnes performances sur plusieurs années, semble marquer le pas. Nous restons investis dans les deux régions, mais avec une conviction plus forte sur la Chine, où les valorisations sont encore intéressantes et où le soutien de l’État pourrait amplifier le rebond.

Quels sont les indicateurs que vous surveillez particulièrement pour 2025 ?

Nous analysons nos allocations selon trois axes : le cycle économique, les valorisations et le sentiment de marché. Sur le plan du cycle, les perspectives restent positives. Aux États-Unis, les PMI des services sont solides, et le taux de chômage reste bas, autour de 4 %. Les marchés actions bénéficient donc d’une activité économique solide.

Les valorisations, bien qu’élevées aux États-Unis, restent raisonnables sur les autres grandes régions. En Europe, elles sont proches de leurs moyennes historiques. Enfin, le sentiment de marché montre que les investisseurs ne sont pas encore en position de surachat. Les flux obligataires pourraient encore se rediriger vers les actions, soutenant potentiellement les marchés boursiers en 2025.

 

Les commentaires et analyses reflètent l'opinion de Russell Investments France sur les marchés et leur évolution, en fonction des informations connues à ce jour. Ils ne sauraient constituer un engagement de Russell Investments France. L’investissement sur les marchés financiers et plus particulièrement en actions présente des risques.

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