Le constat de nos cabinets et banques privées est sans appel. Les patrimoines des Français de la classe moyenne supérieure, entre 1 et 10 millions d’euros d’actif net, sont encore trop investis en immobilier en France et en placements à taux fixe, s’exposant à une récession et au retour de l’inflation.
Investir dans les infrastructures, pour se protéger des récessions et de l’inflation
Par Anthony Calci, conseiller en gestion de patrimoine, fondateur du cabinet Calci Patrimoine.
Quelle serait la meilleure classe d’actifs pour se diversifier et se protéger d’un retournement du cycle actuel ? La réponse pourrait bien être d’investir dans les infrastructures, alliant à la fois résilience, revenus indexés sur la hausse de prix, et croissance structurelle.
Malgré une économie mondiale qui semble tenir bon avec 3,3 % de croissance attendue en 2025 selon le FMI, des signaux préoccupants émergent.
Les tensions géopolitiques s’intensifient, notamment en Ukraine et au Moyen-Orient. En Europe, l’Allemagne et la France s’enfoncent dans l’instabilité politique, tandis qu’en Chine, l’économie peine à se relancer, engluée dans une grande crise immobilière.
Le facteur favorable pour l’économie est que l’inflation en Europe et aux États-Unis est en train de baisser. Les politiques monétaires se sont ajustées avec les banques centrales qui ont commencé à baisser leurs taux directeurs à l’été 2024.
Ces baisses de taux, qui devraient continuer en 2025, doivent soutenir l’économie et les fragilités actuelles. Mais, portée par la nouvelle élection présidentielle de Donald Trump, les politiques budgétaires expansionnistes des États risquent de réactiver l’inflation, rendant les obligations et l’immobilier plus vulnérables.
Dans ce contexte incertain sur le niveau de croissance et d’inflation, quand le prix de nombreux actifs est à leur plus haut historique (particulièrement les actions et les crypto-actifs), investir dans les infrastructures apparaît comme une stratégie de diversification pertinente.
En effet, depuis 2001 les infrastructures surpassent les performances d’actifs traditionnels comme l’immobilier, les obligations et même les actions lors de phase de faible croissance ou de récession. Et cela même lors de la phase de poussée d’inflation, la stagflation !
Enfin, les infrastructures ne sont pas seulement une classe d’actif résiliente et protectrice de l’inflation.
Poussée par la demande mondiale d’énergie décarbonnée, d’infrastructures de données et d’électrification du transport, Preqin prévoit un taux de croissance moyen de 7 % par an pour atteindre 1,7 milliard de dollars d’actifs d’infrastructures sous gestion d’ici 2028.
Les infrastructures sont au cœur de nos économies modernes, et se diversifient entre différents sous-secteurs : transports (aéroports, ports, autoroutes), télécommunications (réseaux de fibre optique et data centers), énergies renouvelables (éolien, solaire, hydraulique), infrastructures sociales (hôpitaux, écoles, logements sociaux…).
Les atouts de l’investissement dans les infrastructures sont nombreux :
- actifs réels essentiels aux usages nécessaires au fonctionnement de nos sociétés ;
- barrières à l’entrée élevées : outre leur prix élevé et leur nombre restreint, certaines infrastructures ont même des caractéristiques monopolistiques (aéroports, ferroviaires, hôpitaux…) ;
- cash-flows stables et indexés sur l’inflation : grâce aux contrats de long terme signés entre l’exploitant et les co-investisseurs institutionnels de l’infrastructure ;
- faible corrélation avec d’autres classes d’actifs et diversification sectorielle entre les différents secteurs des infrastructures ;
- répondant aux critères ESG : les infrastructures d’énergies vertes répondent aussi aux besoins de transformation environnementale de notre économie.
Aussi, il existe deux types d’investissement dans les infrastructures en fonction du profil de risque et de l’horizon d’investissement de l’investisseur.
Les infrastructures à construire "greenfield" :
- projet à construire, impliquant des phases de conception et de développement ;
- convient aux investisseurs recherchant des gains à long terme (plus de dix ans), avec un potentiel de cession après mise en opération ;
- risques plus élevés durant les premières phases, mais souvent associés à une valorisation substantielle.
Les infrastructures opérationnelles "brownfield" :
- actifs existants déjà fonctionnels ;
- moins risqué, avec des revenus réguliers dès l’acquisition et pour un horizon moyen terme (cinq à sept ans) ;
- potentiel d’amélioration ou d’extension pour accroître la valeur.
Comment investir dans les infrastructures ? Il est possible d’investir par l’intermédiaire d’entreprises du secteur, mais ces dernières sont souvent corrélées aux marchés des actions, ce qui limite leur résilience face aux récessions.
Pour un investisseur particulier fortuné recherchant la sécurité, les investissements directs au travers de fonds de capital-investissement spécialisés en infrastructures sont recommandés :
- en obligations non cotées "private debt" : financement des infrastructures par la dette, offrant une rémunération stable, mais peu indexée sur l’inflation ;
- en fonds propres "equity" : détention directe des actifs permettant de percevoir les cash-flows générés et indexés sur l’inflation grâce aux contrats de long terme.
Ces fonds de private equity d’obligations et equity non cotés étaient jusqu’à récemment réservés aux investisseurs institutionnels, mais certains sont désormais accessibles en feeder et dans des versions semi-liquides evergreen en assurance-vie chez Ardian, AXA, Generali, Swen Capital Partners ou même Antin.
Pour les investisseurs fortunés, l’accès à ces fonds de private equity consacrés aux infrastructures est une option privilégiée. Ces fonds, souvent réservés aux investisseurs qualifiés, offrent :
- une gestion active et spécialisée des plus grands gérants de la place ;
- l’accès à des projets exclusifs non disponibles sur les marchés publics ;
- des stratégies différenciées et diversifiées, entre obligations et fonds propres d’infrastructures, choix de secteurs spécifiques ou des infrastructures greenfield ou brownfield.
Ces fonds de capital-investissement d’infrastructures peuvent être aussi intégrés via des FAS en assurances-vie luxembourgeoise, pour conjuguer capitalisation des plus-values et diversification internationale.
Vous l’aurez compris, l’investissement en infrastructures offre donc des stratégies variées et robustes pour traverser les cycles économiques, qu’il s’agisse d’une récession ou d’un retour de l’inflation.
Vous souhaitez passer à l’action et intégrer enfin les infrastructures dans votre patrimoine ? Désormais accessible en assurance-vie et fonds de capital-investissement pour les investisseurs particuliers, faites-vous accompagner par votre conseiller patrimonial ou votre banque privée pour sélectionner les meilleurs fonds d’infrastructure actuellement disponibles.