Avec 115 milliards d’euros d’encours sous gestion, Generali France fait partie des leaders du secteur de l’assurance. Stratégie d’investissement diversifiée sur le non coté, politique d’investissement durable, engagements sociaux… Cédrik de Ternay, directeur des investissements et de la trésorerie, nous partage ses convictions.

Décideurs. Pouvez-vous nous donner un aperçu de l’allocation d’actifs de Generali France ?

Cédrik de Ternay. À ce jour, nous avons une allocation très diversifiée, qui reflète notre approche équilibrée entre sécurité et croissance. Nous privilégions une part importante d’obligations de bonne qualité pour nous assurer une source stable de revenus. En parallèle, nous avons renforcé notre exposition aux actifs réels, notamment grâce au private equity, à l’infrastructure, l’immobilier et la dette privée, qui représentent une part croissante de notre portefeuille depuis plusieurs années. Pour ce qui est des actions cotées, notre allocation reste plus modeste, à moins de 5 % après couverture. Cette année, nous avons couvert près de deux tiers de nos actions cotées, afin de sécuriser nos plus-values. Cette diversification nous permet d’optimiser nos rendements tout en maîtrisant les risques.

Vous avez évoqué votre allocation d’actifs immobiliers, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

La stratégie immobilière de Generali France, majoritairement située à Paris (QCA) et en Île-de-France pour raison historique, s’est diversifiée à travers des thématiques sectorielles et de nouvelles géographies. Cela nous a permis de maintenir un taux de vacance très faible – autour de 5 % – et de bénéficier d’une plus-value nette de 22 % sur notre portefeuille. Depuis plusieurs années, nous avons également renforcé nos capacités de gestion interne en nous appuyant sur les sociétés de gestion du groupe Generali, notamment Generali Asset Management et Generali Real Estate. Cela nous permet de déployer une approche plus diversifiée et de bénéficier des compétences de gestion du groupe.

Vous mentionniez également la dette privée, la dette infrastructure et le private equity…

En effet. Depuis 2017, nous avons pris un virage stratégique en orientant une partie de nos investissements vers les marchés privés, en mettant plus particulièrement l’accent sur le private equity, puis la dette privée et la dette infrastructure. Nous avons progressivement renforcé ces deux derniers secteurs, pour profiter notamment de la hausse des taux. Nos sociétés de gestion internes ont joué un rôle clé dans ce processus, qui bénéficie aujourd’hui de rendements intéressants, allant de 4,5 % à 6 % selon la période. Le private equity renforce notre exposition aux risques tout en nous permettant de conserver une vision à long terme, avec un potentiel de rendement plus élevé.

La finance responsable prend de plus en plus de place dans les stratégies d’investissement. Quelle est la politique de Generali à ce sujet ?

Le groupe Generali est signataire de la Net-Zero Asset Owner Alliance, et vient de renforcer ses objectifs de décarbonation et sa politique "oil & gas". Nous avons déjà réduit l’empreinte carbone de nos investissements détenus en direct de plus de 60 % par rapport à 2019, ce qui nous place légèrement en avance sur nos objectifs.

"Nous avons déjà réduit notre empreinte carbone sur les investissements détenus en direct de plus de 60 % par rapport à 2019"

Sur le plan de l’immobilier, nous avons engagé des CapEx (travaux), pour que 58 % de notre portefeuille soit en conformité avec l’Accord de Paris. De plus, notre démarche ne se limitant pas uniquement au climat, nous avons intégré des critères sociaux et environnementaux élargis aux enjeux de préservation de la biodiversité, à travers des produits comme Générations Croissance durable, le premier fonds croissance labellisé Finansol sur le marché de l’assurance-vie. Ce fonds participe au financement de projets à impact social et solidaire, et soutient entre autres les familles vulnérables et les entrepreneurs réfugiés.

De quelle façon sensibilisez-vous vos partenaires à ces thématiques ?

En tant qu’investisseur institutionnel, nous engageons activement le dialogue avec les entreprises dans lesquelles nous investissons, que ce soit sur le volet climatique, social ou de gouvernance. L’objectif est d’assurer que nos portefeuilles soient gérés de manière résiliente à long terme, en ligne avec les valeurs d’éthique et de durabilité que nous prônons. Cependant, il est important de noter que nous ne mettons pas l’accent sur des investissements spécifiques, mais plutôt sur l’allocation globale.

Envisagez-vous des ajustements significatifs dans vos allocations pour 2025, notamment en lien avec l’incertitude politique due à l’élection de Donald Trump ?

Pour 2025, nous allons continuer à privilégier les obligations d’entreprises de bonne qualité. Nous poursuivons également notre diversification vers les actifs réels, comme la dette privée et le private equity. L’élection américaine pourrait potentiellement influencer certaines décisions, mais il est encore trop tôt pour se prononcer. Nous restons vigilants et surveillons l’évolution des marchés, en particulier sur les obligations et la diversification géographique, tout en maintenant une allocation stable et prudente.

Propos recueillis par Marine Fleury

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