Aurélien Leguay, directeur délégué des investissements à la direction financière d’Agrica, détaille les grandes lignes de l’allocation du portefeuille du groupe de protection sociale du monde agricole, entre diversification sectorielle, investissements non cotés, immobilier de prestige et engagement climatique.
Aurélien Leguay (Agrica) : "Le non-coté reste un bon vecteur pour des investissements ciblés"
Décideurs. Quelle est l'allocation globale de vos investissements ?
Aurélien Leguay. AGRICA gère un portefeuille de 8 milliards d’euros pour la retraite supplémentaire et la prévoyance. Notre groupe de protection sociale des agriculteurs compte aujourd’hui 2 institutions de prévoyance (IP) et deux fonds de retraite professionnelle supplémentaire (FRPS). Il est également responsable de la gestion de 1,5 milliard d’euros en retraite complémentaire pour le compte de l’Agirc-Arrco, portant l’ensemble des réserves à 9,5 milliards d’euros. En moyenne, 25 % de nos placements sont en actions cotées et non cotées, 60 % en produits de taux, 10 % en immobilier, et le reste en monétaire.
Les allocations sont toutefois différentes selon les risques d’assurance couverts. Les FRPS, ayant des engagements techniques de longue durée, visent une allocation cible d’un peu plus de la moitié en obligataire, un compartiment actions au tiers du portefeuille et le solde en immobilier. Les portefeuilles des IP affichent des durations moyennes de cinq ans. Leur allocation-cible accorde une part prépondérante à l’obligataire, un compartiment actions de l’ordre de 15% et le solde en immobilier.
Comment procédez-vous sur la partie non cotée ?
À travers des critères ESG et d’exposition au risque, nous investiguons l’ensemble des stratégies de capital investissement, y compris le secondaire. Nous investissons régulièrement pour lisser les performances et éviter les effets millésimes, tout en privilégiant les investissements soutenus par des équipes managériales stables avec des historiques de performance probants.
"Nous investissons régulièrement pour lisser les performances et éviter les effets millésimes"
Cette classe d’actifs est aussi l’opportunité de contribuer à la transition vers une économie bas-carbone et au respect de l’Accord de Paris. Nous privilégions ainsi les fonds Articles 8 et 9 SFDR, et nous positionnons sur quelques fonds à dimension agricole.
Quelle est votre stratégie globale en matière d'ESG et d'impact ?
Le Groupe AGRICA est engagé depuis 2006 dans une démarche RSE, et nous avons mis en place une politique d’investissement responsable dès 2008. Aujourd’hui, nos investissements financiers et immobiliers intègrent des critères ESG et climat, dans un processus d’amélioration continue. En 2022-2023, nous avons renforcé notre approche climat et réalisé notre première analyse biodiversité. Nous visons la neutralité carbone en 2050 et réduisons progressivement notre exposition aux énergies fossiles.
Quelles sont les tendances pour les années à venir en matière d'investissements non cotés ?
Notre portefeuille non coté est mature, et nous n'avons pas l'intention d'augmenter cette part. Nous allons suivre plus précisément les sociétés dans lesquelles nous investissons et analyser finement les expositions sectorielles et géographiques. Le non-coté reste un bon vecteur pour des investissements ciblés, notamment dans les ENR et les thématiques de santé ou agricoles. En 2025, nous allons poursuivre la baisse du monétaire amorcée en 2024 et augmenter la diversification géographique de notre portefeuille actions, notamment vers les États-Unis.
Quelle est votre politique en matière d'immobilier ?
Nous gérons un patrimoine immobilier prime en direct ou par l’intermédiaire de SCI, principalement en immeuble de bureau dans le QCA parisien à Paris. L'immobilier est une catégorie d’actif clé pour nous, tant sur le plan de la diversification que du rendement. Soucieuse de minimiser ses impacts sur l’environnement, l’activité de gestion et d’investissement immobilier du Groupe AGRICA vise les certifications et labels les plus vertueux en améliorant la qualité de ses biens. Nous avons par ailleurs des forêts qui procurent environ 2 % à 3 % de rendement par an.