Quelle allocation stratégique pour la mutuelle d’épargne individuelle du Groupe Malakoff Humanis ? Quels choix d’investissement et quelles approches pour optimiser les rendements tout en intégrant des critères ESG ? Entretien avec Simon Le Dily, directeur général adjoint en charge de la direction financière, technique et RSE de La France Mutualiste.
Simon Le Dily (La France Mutualiste) : "Nous nous concentrons sur des investissements à impact"
Décideurs. Pouvez-vous nous parler de l’allocation globale de vos investissements actuels ?
Simon Le Dily. Actuellement, 64 % de nos investissements sont en produits de taux d’intérêt, principalement des obligations d’entreprise (80 %) et des obligations d’État (20 %). Les obligations représentent 57 % du portefeuille. Nous avons également une poche immobilière importante, représentant plus de 17 % de nos investissements, principalement en immobilier résidentiel parisien. Enfin, les actions représentent 16 % du portefeuille, avec une petite part en private equity.
Quelle est votre stratégie d’investissement ?
Notre stratégie a évolué avec la hausse des taux. Nous investissons désormais sur des obligations moins risquées. Cependant, nous continuons d’investir dans le private equity et la dette privée, en visant une augmentation de ces investissements à 3 % et 9-10 % respectivement. Nous intégrons systématiquement des critères ESG dans notre processus de sélection.
Comment appréhendez-vous justement l’ISR ?
Nous avons une politique d’investissement responsable très développée. Par exemple, nous investissons au moins un tiers de nos nouveaux investissements obligataires dans des Green Bonds, Social Bonds ou Sustainability Bonds. En 2023, nous avons dépassé cet objectif avec 54 % de nos investissements dans ces catégories. Nous avons également des objectifs de décarbonation pour notre portefeuille obligataire, visant un alignement à 2 degrés d’ici à 2025.
Pouvez-vous détailler votre approche en matière de private equity ?
Nous sélectionnons directement des fonds de private equity avec une équipe propre. Notre objectif est de diversifier notre portefeuille pour réaliser la performance moyenne de la classe d’actifs. Nous évitons les fonds trop risqués et nous nous concentrons sur des investissements à impact, répondant à des thèmes comme la santé, la lutte contre le changement climatique, l’agriculture et le soutien à l’emploi.
Quelle est votre politique en matière d’immobilier ?
Nous gérons directement un patrimoine de logements, principalement à Paris. Nous effectuons des travaux d’isolation thermique et phonique lors des départs de locataires, sans donner de vacances locatives. Cela nous permet de maintenir un haut niveau de performance énergétique tout en respectant nos engagements sociaux. En investissant dans l’immobilier résidentiel parisien, nous avons bénéficié également d’une appréciation significative de la valeur de nos actifs.
Utilisez-vous des produits structurés dans vos investissements ?
Oui, nous avons environ 4-5 % de notre portefeuille en produits structurés taux, mais ils sont très vanilles, comme des obligations à taux variable avec un floor et un cap. Nous n’investissons pas dans des produits structurés actions.
Comment se répartissent vos investissements en actions ?
Nos investissements en actions cotées représentent 15 % du portefeuille, gérés via des fonds dédiés. Nous avons une exposition principalement sur les grandes capitalisations des pays de l’OCDE, avec une faible exposition aux marchés émergents. Les small et mid caps sont principalement couvertes par des obligations convertibles et le private equity. Cette répartition nous permet de bénéficier de la croissance des grandes entreprises tout en diversifiant nos risques grâce à une exposition aux entreprises de taille moyenne et aux marchés non cotés.