Vetoquinol, une santé de fer à l'international

Aux États-Unis, les chats et les chiens ne sont pas uniquement des animaux de compagnie. Ils sont aussi et souvent considérés comme des membres de la famille à part entière, d’où l’expression de "pet-parents", ces personnes qui considèrent leur animal comme leur enfant. Dès lors, les Américains souhaitent le meilleur pour leurs petits. La moitié des ventes dans le secteur de la santé des animaux de compagnie se fait au pays de l’Oncle Sam. Cette tendance, une entreprise a parié dessus avant qu’elle ne soit une réalité. Il s’agit de Vetoquinol, un groupe familial basé dans la Haute-Saône, qui réalise plus de 85 % de son chiffre d’affaires à l’export.

Vision et courage

"L’international se confond avec notre histoire depuis plus de soixante ans", résume Dominique Derveaux, directeur général délégué, opérations groupe. En 1933, Joseph Frechin crée une annexe à son officine où il développe un remède pour animal baptisé le Vetoquinol, avant d’étoffer son catalogue. Son fils, Étienne, qui a beaucoup voyagé étant jeune, rejoint l’entreprise à 20 ans. "Il est convaincu de pouvoir faire de Vetoquinol un leader international des produits de santé animale", rapporte Dominique Derveaux. Pour le dirigeant, c’est cette vision qui a changé la donne, ainsi que le courage de se lancer. 

À partir de 1977, le groupe s’implante en Europe, avant d’aller franchir la frontière américaine dans les années 1990, puis de se lancer en Asie et plus récemment en Australie et au Japon. "On ne plante pas notre drapeau au petit bonheur la chance, explique Dominique Derveaux. Il faut comprendre comment les marchés sont dimensionnés et comment ils vont évoluer. Comme le disait un joueur américain de hockey, l’important n’est pas de savoir où est le palet mais où il se trouvera dans le prolongement de l’action en cours."

Deux types de croissance

La stratégie de Vetoquinol : se développer pour moitié grâce à la croissance organique, de l’autre grâce à des acquisitions. Afin de s’implanter aux États-Unis, le groupe a acheté une petite société. "À cette époque, Étienne Frechin avait l’intime conviction que le pays deviendrait le plus grand marché de la santé animale, raconte Dominique Derveaux. Il avait raison."

"Les filiales ont la liberté de décider pour leur marché local"

Pareil pour le Brésil, devenu troisième marché mondial, où Vetoquinol a mené deux acquisitions (en 2014 puis 2019) pour un investissement de plus de 75 millions d’euros. Les filiales ont la liberté de décider pour leur marché local. "C’est à cela qu’on reconnaît un vrai groupe international, note le DG délégué. S’il faut attendre que chaque décision vienne du siège, ce n’est pas responsabilisant ni rassurant."

Loi de Pareto

Vetoquinol applique sur ses différents marchés la loi de Pareto, qui énonce que 80 % des effets sont le produit de seulement 20 % des causes. Aux États-Unis, la santé des animaux domestiques pèse davantage que l’élevage ? Vetoquinol investit en grande majorité dessus. Le Brésil « veut être le grenier principal et le premier fournisseur de viande du monde » ? C’est donc sur l’élevage que les efforts sont concentrés. La stratégie paye puisque le groupe, à la tête de 24 filiales et présent dans une centaine de pays, dégage 529 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Malgré un ADN très international, Vetoquinol reste familial et dirigé par le petit-fils du fondateur, Matthieu Frechin. "Nous vivons avec ce double profil, d’entreprise à actionnariat majoritairement familial tout en ayant une forte exposition internationale." Autre particularité : "Nous ne faisons pas d’investissement d’opportunité. Ce qui nous intéresse, c’est vraiment le bienêtre animal." Et pour la suite ? "Le but n’est pas de multiplier les acquisitions tous azimuts mais d’intensifier nos efforts là où nous sommes déjà présents."

Olivia Vignaud