De part et d’autre de la Manche, politiciens et opinions publiques s’inquiètent du passage sous bannière étrangère de certains fleurons industriels.
Alstom en France, AstraZeneca au Royaume-Uni. La question de l’arrivée d’investisseurs étrangers aux commandes de champions nationaux ne se pose pas qu’au sein de l’Hexagone. Pour rappel, Alstom, spécialiste des infrastructures et des transports, est visé par une offre de l’américain General Electric de 12,35 milliards d’euros en numéraire, déjà acceptée par le conseil d’administration du groupe. L’industriel est également convoité par l’allemand Siemens dont le gouvernement français attend l’offre ferme de rachat. Chez nos voisins britanniques, c’est le mastodonte de la santé AstraZeneca qui intéresse le laboratoire américain Pfizer, ce dernier ayant déjà formulé une offre de quatre-vingt six milliards d'euros, soit la transaction la plus chère de l’histoire commerciale britannique. Si les chiffres ont de quoi faire miroiter le plus beau des avenirs pour les actionnaires des groupes cibles, ces velléités étrangères n’amusent ni les décideurs politiques ni l’opinion publique en France comme au Royaume-Uni. Au contraire, elles sont créatrices de dissensions au sein même des majorités politiques en place, comme en attestent les divergences de position entre Arnaud Montebourg et Ségolène Royal, respectivement ministre de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, et ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie. Dernièrement, le gouvernement français a même décidé de protéger son industrie par la manière forte, prenant un décret élargissant les « investissements étrangers soumis à autorisation préalable » aux secteurs de l’énergie, de l’eau, des transports, des communications électroniques et de la santé. Bruxelles doit encore valider cette mesure et a déjà prévenu la France contre un protectionnisme trop poussé. Outre-Manche, David Cameron a largement été critiqué pour son manque de réactivité face à la menace sociale que représente l’offre de l’américain sur AstraZeneca. Il a réagi en faisant passer un « public interest test » au CEO de Pfizer, Ian Read, lors de son passage à Londres en début de semaine. Les investisseurs sont prévenus, l’Europe est de plus en plus tentée de faire de ses champions une chasse gardée…

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