Philippe Nataf.Managing director en charge des fusio et acquisitio, Duff & Phelps.

Philippe Nataf.
Managing director en charge des fusions et acquisitions, Duff & Phelps.

Décideurs. Vous avez rejoint Duff & Phelps en mai 2009. Pourquoi cette décision ?

Philippe Nataf.
après quinze années  en corporate finance chez un acteur britannique puis au sein d’un des Big 4, j’ai été attiré par un projet ambitieux à forte connotation entreprenariale. C’est notamment ce dernier point qui a motivé mon arrivée chez Duff & Phelps. En tant que conseil financier, Duff n’a rien d’un nouvel entrant : la création de la structure remonte à 1932, ce qui en fait un acteur historique, tout du moins aux États-Unis.

La situation change cependant en 2004 lorsque les associés de la firme montent un management buy out, faisant à l’occasion appel au fonds d’investissement Vestar Capital Partners. L’opération s’est soldée par un succès, tant et si bien que, trois ans plus tard, les actionnaires ont pris la décision audacieuse de coter Duff & Phelps sur le New York Stock Exchange. La société affiche aujourd’hui une capitalisation boursière d’un peu moins d’ un milliard de dollars.

C’est ce dynamisme, couplé à la croissance du bureau parisien, qui est aujourd’hui la plus importante implantation du groupe en dehors des États-Unis, qui expliquent ma présence chez Duff & Phelps.


Décideurs. Comment l’activité se structure-t-elle ? Plus particulièrement sur le terrain du conseil en M&A et en private equity ?

Ph. N.
La croissance de Duff s’organise autour de quatre pôles majeurs : l’évaluation de portefeuilles, le conseil apporté aux spécialistes de la restructuration, les opérations de fusions & acquisitions et la transaction opinion. Je tiens à insister sur ce dernier point qui enregistre une très forte progression sur le marché français. D’inspiration américaine, cette activité s’exporte rapidement auprès des corporate et des fonds d’investissement, notamment pour les accompagner dans leur stratégie d’acquisition.
En ce qui concerne l’activité de conseil M&A et private equity, Duff & Phelps se positionne comme un opérateur majeur dans les secteurs à haute valeur ajoutée technologique. Nos équipes sont constituées de professionnels affichant une expertise reconnue dans ces métiers. J’ai, par exemple, quitté la France en 1993 pour prendre la direction américaine de SLP Infoware.

De manière plus générale, nous intervenons essentiellement sur des mandats de cession ou d’augmentation de capital. Une activité qui n’a rien d’exclusif : Duff & Phelps conseillait le Fonds stratégique d’investissement lors de la prise de participation dans la société Gruau pour un montant de 13 millions d’euros.


Décideurs. Pour certains observateurs, 2010 marque la fin de la crise et ouvre le chapitre de la relance. Souscrivez-vous à cette analyse ?

Ph. N. L’histoire économique récente démontre à quel point il importe de rester prudent. Il est cependant exact que nous constatons une reprise progressive de l’activité. Les grands corporate se concentrent aujourd’hui sur la cession des actifs jugés non stratégiques, car étrangers à leur cœur de métier. Ces opérations n’ont pas pour la plupart été annoncées, mais les décisions ont d’ores et déjà été prises en comité de direction.

Sur le terrain plus spécifique des fonds de capital investissement, le LBO continue de céder du terrain face au capital développement. Certes, une poignée d’opérations à effet de levier continuent d’agiter le petit monde du private equity ; mais la dette reste rare, ce qui pousse les opérateurs à s’orienter vers des prises de participation 100 % equity.


Décideurs. Faut-il en déduire la disparition progressive des opérations de LBO ?

Ph. N. Certainement pas ! Après l’éclatement de la bulle Internet, bien des analystes prophétisaient la mort du capital risque. Des affirmations que personne n’oserait proférer aujourd’hui. Il ne fait aucun doute que l’industrie du LBO reprendra. Le marché repart d’ailleurs progressivement aux États-Unis et en Europe, plus particulièrement en France et en Allemagne. Je reste en revanche circonspect sur les capacités de reprise du marché anglais pour le court et moyen terme.

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