Contre toute attente, Donald Trump vient de confirmer que les taxes sur l’acier et l’aluminium augmenteront la semaine prochaine pour atteindre respectivement 25 % et 10 %. Cette mesure, destinée à soutenir les producteurs américains, risque d’entraîner une guerre commerciale. En première ligne ? Ses anciens partenaires chinois et européens.

Le Président américain n’en finit pas de faire parler de lui. En confirmant la hausse des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium, Donald Trump a réussi à se mettre une nouvelle fois toute la communauté internationale à dos. Pour l’OMC, il s’agit tout simplement d’une « violation des règles » inhérentes au commerce international. Des mots forts à la hauteur du mécontentement global. La première réaction est ainsi venue de la Commission européenne. Jean-Claude Juncker, chef de l'exécutif européen, n’a pas hésité à se montrer menaçant, confirmant que des « mesures contre les États-Unis, compatibles avec les règles de l'OMC seraient rapidement proposées ». « Nous ne resterons pas les bras croisés pendant que notre industrie est frappée par des mesures injustes », a-t-il insisté.

Un accueil glacial

Parallèlement, la Stahl, une organisation chargée de défendre les intérêts politiques et économique de la sidérurgie allemande prévient : « si l'Europe n'agit pas, notre sidérurgie va payer l'addition pour le protectionnisme américain ». Et pour cause, l’Allemagne représente 3,8 % des importations d’acier aux États-Unis qui ont acheté pour un million de tonnes d'acier allemand en 2017. De l’autre côté de l’Atlantique, le Canada, premier fournisseur d'acier et d'aluminium des États-Unis, s’insurge. L’acier américain provient à 16 % du Canada mais le pays achète plus d'acier américain que tout autre pays au monde. « Achats qui représentent 50 % des exportations américaines », rappelle la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland. Les deux pays entretiennent donc des rapports étroits dans le domaine.  Le ministre canadien François-Philippe Champagne n’a pas hésité à estimer que cette décision était « inacceptable ».

Guerre douanière avec la Chine ?

La Chine, productrice de la moitié de l'acier mondial et deuxième partenaire commercial des États-Unis, risque également d’entrer dans une guerre douanière. L'aluminium et l'acier ne sont pourtant qu'une infime portion du total des échanges sino-américains : moins de 2 % de l'acier importé par les États-Unis. L’aluminium, lui, représente 0,87 % du montant des exportations chinoises et 0,14 % pour l’acier et le fer. Si d'autres pays emboîtaient le pas à l’Empire du Milieu, « cela aurait un impact grave sur l'ordre du commerce international » s’inquiète Hua Chunying, porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, demandant expressément de diminuer leur recours aux mesures protectionnistes.

Trump, le protectionniste

Devant un tel tollé, certains analystes estiment que Donald Trump pourrait revenir en arrière. Une étude d’Euler Hermes, leader mondial des solutions d’assurance-crédit, montre pourtant à quel point le président américain n’a pas hésité à mener une politique protectionniste depuis son arrivée au pouvoir. En 2017, 90 nouvelles mesures ont été appliquées concernant le commerce américain, un nombre en hausse (84 en 2016 et 86 en 2015). Quant à la métallurgie, plus d’une barrière sur trois ont été mises en place par les États-Unis, pour 500 mesures prisent à l’échelle mondiale. Une tendance qui s’appliquera bientôt à l’acier et l’aluminium donc. Alors qu’il prône « un commerce intelligent, libre et juste » sur tweeter, le président américain travaille plutôt au repli des États-Unis sur eux-mêmes. Sur les traces de Richard Nixon en 1970, ou Donald Reagan dans les années 80, le magnat de l’immobilier affirme ses positions protectionnistes. Après la taxation des lave-linge sud-coréens, Trump durcit le mouvement. Jusqu’à quand l’Europe et la Chine se laisseront faire.

Morgane Al Mardini

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