Alors que la marque au losange annonçait ce lundi 19 janvier une progression de ses ventes mondiales de 3,2 % en 2014, le patron de la puissante Alliance Renault-Nissan réaffirmait le cap à tenir jusqu’en 2018.
Après la hausse de 4,3% brandie par Peugeot la semaine dernière, Renault annonce une progression de ses ventes mondiales de 3,2 % l’an dernier avec 2,71 millions de véhicules. Ce retour en grâce, le constructeur automobile le doit à la croissance du marché européen et aux excellentes performances de sa gamme low cost, Dacia. De quoi contrebalancer l’atonie de plusieurs marchés émergents qui aurait pu coûter cher au groupe.
Si la Russie, la Turquie, le Brésil et l’Argentine sont synonyme de revers pour la marque au losange, l’Europe la plébiscite : la part de marché du groupe Renault atteint le seuil des 10 % grâce à une progression des ventes de 12,5 %. Plus de la moitié (1,46 million) des véhicules Renault ont été vendus sur le marché européen, dont les ventes représentaient 54 % l’an passé, contre 50 % en 2013.

Russie : « Nous passons une phase de creux, mais je suis confiant »
Ce rebond en Europe permet au groupe de résister au recul des pays émergents. Hors Europe, les volumes ont en effet chuté de 5,9 %. En cause, le marasme économique, la crise ukrainienne et les problématiques de stabilité monétaires et financières.
En Russie, troisième marché du groupe, les ventes du secteur automobile se sont effondrées de près de 20 %. Pourtant, le constructeur français tire plutôt bien son épingle du jeu. Car si ses ventes ont reculé de 7,4 %, la marque s’impose tout de même bon deuxième derrière le constructeur russe, Lada, qu’il contrôle. « Ces résultats sont une bonne nouvelle puisque Renault a gagné des parts de marché, confirme Carlos Ghosn, Nous passons une phase de creux mais je suis confiant, poursuit le P-DG de Renault qui voit dans la Russie un marché d’avenir, c’est un partenaire incontournable avec lequel la France a su maintenir des relations relativement privilégiées. Aujourd’hui, nous opérons sans aucune contrainte dans ce pays. »
En Amérique du Sud et plus particulièrement au Brésil, second débouché de la marque après la France, l’heure est à la croissance molle. Les ventes ont augmenté de 0,3 % dans un marché en net recul de 7 %. Scénario plus noir en Argentine où la crise financière a lourdement pesé sur Renault avec une chute de 40 % des ventes qui, pour la zone Amériques dans son ensemble, décrochent de 10,7 %.

« Nous allons être obligés de développer le "zéro émission" »
Si la marque Dacia a affiché une hausse de 19 % en 2014, tandis que les véhicules portant le logo Renault ont subi une légère érosion (- 0,6 %), Carlos Ghosn garde en ligne de mire le développement de la voiture électrique. « Les enjeux énergétiques sont devenus des enjeux politiques », rappelle le P-DG de Renault convaincu que, sous la pression du législateur, les constructeurs développeront des solutions avec des énergies alternatives. En 2014, le groupe automobile a vendu près de 3 000 véhicules électriques aux États-Unis où certaines villes comme Atlanta, San Francisco et Los Angeles mettent en place toute une série de mesures favorables au développement de la voiture électrique. « Parce que nous allons être obligés de développer le "zéro émission", nous devons nous situer très en amont sur ce marché d’avenir », confirme M. Ghosn qui déplore l’inertie des gouvernements dans la mise en place de plans d’action nationaux en faveur des véhicules électriques.

En 2015 : « L’industrie va poursuivre son mouvement de concentration »
L’industrie automobile peut se rassurer : pour le patron de l’Alliance Renault-Nissan, « il n’y aura pas de nouveaux entrants » dans les années à venir. Le secteur automobile est appelé à « poursuivre son mouvement de concentration ». En cause notamment ? La faiblesse des retours sur investissement qui ne sont pas aussi prometteurs que ceux du software ou de la tech. « Le capital doit être patient dans l’industrie automobile », rappelle Carlos Ghosn qui prédit pour 2015 la poursuite des partenariats, des coopérations et autres alliances géographiques de poids.
Et parmi les optimistes pronostics formulés par M. Ghosn figure la relative stabilité du marché français avec une hausse de l’ordre de 1,5 %. La croissance devrait aussi être de mise au niveau mondial avec une prévision de + 2 % par rapport à 2014. Même constat pour le marché européen qui ne devrait pas connaître de récession. Un scénario d’autant plus plausible que la BCE devrait confirmer ce jeudi 22 janvier sa décision de racheter des dettes souveraines. « L’affaiblissement de l’euro est favorable à notre stratégie à l’export. Cela va dans le bon sens, tout comme la baisse des prix du pétrole », assure le patron du constructeur automobile qui a vu en 2014 son mandat renouvelé jusqu’en 2018.

« Je suis drivé par le succès de l’Alliance »
« J’ai un scorecard à remplir » a-t-il martelé. Présenté en 2011, le plan quinquennal « Renault 2016 - Drive the change » promet à l’horizon deux ans de dégager 5 % de marge opérationnelle et un chiffre d’affaires de plus de cinquante milliards d’euros. Ambitieux, surtout que depuis 2006, date du premier grand plan stratégique piloté par M. Ghosn, aucun objectif de ventes ou de marges n’a été atteint. « Je suis drivé par le succès de l’Alliance », renchérit celui qui voudrait positionner le duo Renault-Nissan parmi les trois plus grands constructeurs mondiaux. Le challenge est de taille…

Émilie Vidaud

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