Jean-Charles Boisset, lauréat des French-American Business Awards, revient sur sa success story en Californie
 Décideurs. Vous êtes issu d’une famille de vignerons français. Était-ce un rêve d’enfant de conquérir la Californie ?

Jean-Charles Boisset.
C’est à 11 ans que je suis tombé amoureux de l’american way of life à l’occasion d’un voyage. Scolarisé au lycée français de Washington, je rêvais, une fois adulte, de venir m’installer sur la côte Ouest pour me consacrer à la production de vin. Mes parents ont fondé leur exploitation viticole en Bourgogne mais rapidement nous avons été convaincus d’étendre l’entreprise familiale à la Californie.
Nous avons commencé au début des années 1990 à importer un florilège de crus issus de notre production en France. Devant l’accueil favorable du marché américain, produire localement s’est imposé comme une évidence. Nous avons rassemblé une collection de maisons historiques comme Lyeth Estate dans l’Alexander Valley, DeLoach Vineyards dans la Russian River Valley, Raymond Vineyards dans la Napa Valley, Buena Vista Winery dans le Carneros et Lockwood Vineyards dans le Monterey County. Ainsi nous avons pu constituer une collection issue de maisons raffinées et prestigieuses situées sur les plus grands terroirs américains.

Décideurs. Quels sont les secrets de votre réussite ?

J.-C. B.
Boisset Family Estate est une entreprise hybride qui tient à l’association de deux cultures complémentaires : une éducation à la française couplée à la liberté entrepreneuriale offerte par l’Amérique. A ces deux paramètres s’ajoutent le savant alliage d’un savoir-faire vinicole et la qualité du terroir et du sol californiens.

Décideurs. Dans le secteur vinicole, est-ce plus facile d’entreprendre aux États-Unis ?

J.-C. B.
La notion d’entrepreneuriat puise ses racines dans l’histoire de l’Amérique, qui valorise l’initiative et la prise de risques, quand la France pourrait parfois s’enferrer dans un conservatisme, fruit du poids de ses traditions. Il existe aux États-Unis un réel engouement pour les initiatives des jeunes entrepreneurs qui sont valorisés non pas pour leur background mais pour leur capacité à innover et à créer de la valeur. Attention, la France n’en reste pas moins attractive. Elle n’a pas à souffrir d’un complexe d’infériorité. Entreprendre dans l’Hexagone implique une vraie pugnacité et une ouverture au monde que la nouvelle génération semble avoir bien compris.
À l’étranger, quand il est question de production et de distribution de vin, être français est un atout indéniable. L’ancestralité de notre propre savoir-faire, vieux de dix-sept siècles, nous a permis d’imposer notre légitimité lors de la création de notre entreprise.

Décideurs. Auriez-vous un conseil à adresser à un jeune entrepreneur désireux de s’installer en Californie ?

J.-C. B.
Dans la plupart des cas, le temps joue contre vous. Plus vous tardez, moins vous agirez. Just do it ! Rien ne remplace l’action, à condition d’avoir au préalable jaugé la faisabilité de votre idée. Si vous ratez le coche une fois, ne vous découragez pas : faire des erreurs s’inscrit pleinement dans l’ordre du processus entrepreneurial. Il n’y a pas de recette miracle pour rouler sur l’autoroute du succès, il faut juste se jeter à l’eau ou « dans le vin ! » avec dans le viseur un rêve à réaliser. Le mien s’incarnait dans la volonté d’être associé aux vins Buena Vista. Pari réussi !

Propos recueillis par Hugo Weber, à l'occasion des French-American Business Awards.

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