Depuis le milieu des années 1990, Airbus tente de prendre la place de numéro un à Boeing. Si la bataille judiciaire sur les subventions est enfin close, les deux constructeurs n’en ont pas fini question concurrence. Une belle compétition en perspective !
 1- Aviation civile : Airbus

Si Airbus a engrangé plus de commandes en 2014 (1 456 contre 1 432 pour Boeing), l'avionneur américain reste en tête quant aux livraisons (723 contre 629). Dans les années à venir, le constructeur européen devrait cependant décrocher la place d'incontestable numéro un avec un carnet de commandes total qui atteint 6 386 appareils, contre 5 789 pour l’américain. Sur le segment de l’aviation commerciale, Airbus domine plus précisément sur les monocouloirs et Boeing sur les long-courriers. Mais là encore, le groupe franco-allemand devrait se refaire une santé au vu du succès rencontré par l’A350.

2- Résultats financiers : Boeing

Boeing maintient son avance concernant ses revenus. En 2014, le constructeur a enregistré un chiffre d’affaires de 90 milliards de dollars, contre 60,7 milliards d’euros pour le géant européen (tous deux en croissance de 5 %). Même constat pour les marges opérationnelles. L’an dernier, le résultat net a progressé de 19 % à 5,4 milliards de dollars chez Boeing alors que celui d’Airbus atteignait 2,3 milliards d'euros. L’amélioration des comptes du groupe franco-allemand est néanmoins à souligner puisqu’il avait réalisé un résultat qui n'atteignait que 1,47 milliard d'euros en 2013. La victoire de Boeing est encore plus écrasante lorsque l'on considère la valorisation boursière. Alors que celle d’Airbus est de 49,4 milliards d’euros, l’américain est valorisé 107 milliards de dollars, soit près du double.

3- Innovation : Airbus

Depuis dix ans, le constructeur européen a mis en place une stratégie d’innovation incrémentale qui vise donc à améliorer l’existant. L’A350 promet ainsi une consommation de kérosène et des coûts de maintenance réduits de 25 % grâce au développement des matériaux composites et à la fibre de carbone. Cette politique permet au groupe de continuer d’innover tout en baissant ses dépenses de R&D et en enregistrant une meilleure rentabilité des programmes. Des évolutions qui expliquent en partie l’amélioration des résultats financiers observée ces dernières années. L’A350 sera un programme profitable dès 2019-2020 lorsque dix appareils sortiront chaque mois des chaînes d’assemblage.

4- Espace : Boeing

Grâce à un contrat d’une valeur de 6,8 milliards de dollars signé avec la Nasa, Boeing construira, en partenariat avec SpaceX, des vaisseaux privés habités. Les premiers vols devraient avoir lieu en 2017. De son côté, Airbus Espace a repris le développement de son Spaceplane, un avion qui permettra de transporter des passagers à la frontière de l’espace, mais il faudra attendre au moins jusqu’à 2020 pour le voir en action. Sur ce marché, il sera en concurrence avec Virgin Galactic, SpaceX ou encore XCor Aeorspace. Contrairement à ces derniers, Airbus a décidé de ne pas jouer au « tour-opérateur ».

5- Aviation militaire : Boeing

Les retards du programme militaire portant sur l'A400M ont terni l’image d’Airbus dans ce secteur. Le coût de l’aéronef, qui a effectué son premier vol fin 2009, dépasse maintenant les vingt milliards d’euros. Dès 2010, le programme avait déjà reçu un renflouement de 3,5 milliards d’euros de la part de ses sept pays clients. Outre l’impact financier, cet incident a conduit au départ du directeur de l'activité, Domingo Ureña-Raso, remplacé par Fernando Alonso. De son côté, Boeing occupe, avec 14 % de part de marché, la deuxième place de ce secteur très concurrentiel, derrière son compatriote Sikorsky.

Résultat : Airbus : 2 – Boeing : 3

Boeing remporte donc ce match d’une courte avance, et la compétition devrait s’accentuer dans les années à venir alors que la flotte d’avions commerciaux dans le monde est censée doubler au cours des deux prochaines décennies. 38 000 unités verraient ansi le jour en 2033, contre 18 500 actuellement. Info ou intox, les deux constructeurs ont indiqué qu’ils ne sortiraient pas de nouveaux avions avant 2030. L'heure serait-elle à une guerre des prix ?

V. P.

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