« L’Euro PP permet aux ETI d’allonger la maturité de leur dette de manière compétitive. »
Décideurs. Quelle est la structure capitalistique de Bonduelle ?

Grégory Sanson.
Bonduelle est une industrie à forte intensité capitalistique puisque nous produisons puis stockons 95 % des légumes que nous commercialisons. Cette activité nécessite un besoin en fonds de roulement (BFR) très important qui représente environ cinq mois de chiffre d’affaires, soit 400 à 500 millions d’euros, ce qui correspond à peu près à notre niveau de stock.
Par ailleurs, Bonduelle est une société familiale disposant d’un réel historique de performance. La gouvernance en commandite fait que le commandité est responsable sur ses biens propres de l’ensemble des dettes de l’entreprise, ce qui constitue un signal fort pour tout investisseur. Cela explique que l’entreprise puisse supporter un taux d’endettement important d’environ 120 % sans voir sa signature se dégrader, notre industrie étant par ailleurs résiliente en temps de crise. La dette est donc notre levier de croissance naturel, qui se nourrit pour moitié de croissance externe.


Décideurs. Quelle est la « debt story » du groupe ?

G. S.
Nous avons toujours eu le souci de nous assurer des sources de financement diversifiées et compétitives. C’est pour cette raison que nous sommes allés sur le marché des placements privés américains dès l’an 2000. Nous pouvions compétitivement y émettre des montants de 100 à 150 millions de dollars avec des maturités de dette atteignant jusqu’à douze ans. En 2007 et 2009, nous avons par ailleurs fait deux émissions d’Obsaar de 150 millions d’euros et de 140 millions d’euros avec des maturités respectives de six et cinq ans. Ainsi, 60 % du financement de Bonduelle est désintermédié avec seulement 40 % d’endettement bancaire.
Au printemps 2012, nous avons effectué un investissement de 100 millions d’euros sur trois actifs industriels ou commerciaux en Hongrie, Russie et aux États-Unis. Or, nous avions calculé début 2012 que nous aurions 200 millions de remboursement obligataire à couvrir sur les années à venir. Nous nous sommes donc interrogés sur les modalités de refinancement et nous avons opté pour un revolving credit facility (RCF) de 300 millions d’euros sur cinq ans. Sept établissements financiers nous ont accompagnés dont deux nouvelles banques avec qui nous n’avions jamais travaillé. Le pool bancaire était mené par trois banques arrangeuses : BNP Paribas, Crédit agricole Nord de France et Natixis.


Décideurs. Comment s’est déroulée cette émission inaugurale ? (premier placement privé européen obligataire)

G. S.
Nous souhaitions également adosser nos trois investissements à des ressources plus longues et disposer d’une ligne de tirage pour le BFR, et ce au-delà des cinq ans couverts par le RCF. Or, le Crédit agricole a pris l’initiative de proposer notre dette directement auprès de plusieurs assureurs européens qui ont été tout de suite intéressés par cette opération. Le succès a été tel que nous sommes passés d’un montant initial de 100 millions d’euros à 145 millions. La maturité de six ans et demi correspondait à nos attentes avec un coupon ultra-compétitif de 3,83 %. Si l’exécution a été rapide avec un placement effectué en 45 jours, la principale difficulté est venue du fait que nous étions face à un nouveau produit. Les investisseurs ont dû ajuster leurs ratios prudentiels pour se conforter aux attentes du régulateur.

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