Si le jumbo deal entre les deux cimentiers est toujours sur les rails, le processus de fusion se révèle complexe.
Comme relayé par le Financial Times dans son édition du 24 mars 2015, le rapprochement entre le suisse Holcim et le français Lafarge n’en est finalement pas au stade du lissage. Et l’anecdote du jet privé ne va pas améliorer leurs rapports : à l’occasion d’un road-show destiné à vendre le projet de fusion de 42 milliards d'euros aux investisseurs, Bruno Lafont, P-DG de Lafarge, a en effet brûlé la politesse à ses homologues suisses en voyageant au moyen d’un jet privé – ses confrères ayant modestement choisi un vol commercial. Peine perdue, selon certaines sources proches du dossier, c'est un siège éjectable qui l'attendait. Bruno Lafont aura ainsi dû revoir ses ambitions à la baisse et abandonner le statut de CEO de la nouvelle entité.

Erreur stratégique ou non, cet épisode reflète surtout la différence de culture entre les deux cimentiers. Chez Holcim, l'heure n'est plus à la fusion entre égaux : outre les performances financières en baisse de Lafarge, certains collaborateurs estiment que le comportement de Monsieur Lafont l'en empêche. Celui que l’on surnomme « Napoléon » a, selon ces mêmes sources, quelque peu oublié de faire sentir à l’équipe de management suisse qu’elle faisait partie intégrante du deal. Mal lui en a pris : il ne sera que coprésident du conseil d’administration du futur numéro un mondial du ciment. À condition que le rapprochement, plus que jamais fragilisé, ne connaisse pas le même sort que la fameuse opération Publicis/Omnicom.

F. S.

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