Le 4 septembre est paru chez Actes Sud le dernier livre de Justine Augier, Personne morale. Dans ce récit, elle retrace l’histoire de l’usine de Lafarge en Syrie, un pays rongé par la guerre et le terrorisme, et le combat de quelques femmes afin de faire condamner le cimentier pour financement du terrorisme et complicité de crimes contre l’humanité.

Rentrée littéraire 2024. Parmi les 460 nouveautés, le dernier livre de Justine Augier, Personne morale, s'élève au rang des pépites.

Après De l’ardeur (2017, Actes Sud), qui retraçait le combat de l’avocate syrienne Razan Zaitouneh, et Par une espèce de miracle (2021, Actes Sud), consacré à Yassin al-Haj Saleh, l’un des opposants au régime de Bachar al-Assad, Justine Augier nous replonge en Syrie sur les pas du cimentier français Lafarge qui y a installé une usine en 2009 alors même que la guerre civile couvait.

Tristement célèbre grâce à un battage médiatique hors norme, des chefs d’accusation d’une rare gravité et l’absence de procès à ce jour, cette affaire est l’une des plus sensibles que la justice française aura à connaître. En revanche, des dessous du scandale, peu d’éléments sont réellement connus. Justine Augier s’est donc attelée à faire émerger une version de l’histoire.

Un fleuron de l’industrie française, Daesh, la Syrie, les services de renseignement… Ce qui aurait pu être un scénario de fiction extraordinaire est en fait une réalité glaçante : l’histoire de l’usine Lafarge à Jalabiya en Syrie. Une histoire dont Justine Augier s’attache à faire l’autopsie, du projet de construction en 2009 à la décision de la Cour de cassation en janvier 2024, laquelle est loin de sonner la fin de l’épopée judiciaire. Ou comment l’un des fers de lance de l’industrie française décide d’installer une usine dans l’un des pays les plus dangereux de la planète, de rester malgré la guerre civile et l’expansion du terrorisme et, selon le récit de Justine Augier, de financer le régime démocide de Bachar el-Assad ainsi que Daesh afin de protéger sa production. À noter que si la justice ne s’est pour l’heure pas encore prononcée sur la culpabilité des différents prévenus, elle sera amenée à le faire un jour prochain.

Irréductibles

Objectifs affichés par la romancière : retracer les mécanismes d’un groupe international pour maintenir sa croissance, ses rendements et satisfaire ses investisseurs au détriment des droits les plus fondamentaux. Et relater ses justifications pour commettre l’impensable. Mais ce livre c’est avant tout le combat acharné d’une poignée de femmes durant près d’une décennie pour faire reconnaître et punir ces agissements. Elles sont juristes, avocates, journalistes, magistrate. Et font face à une armée d’hommes, les hommes de Lafarge et leurs avocats. Justine Augier “n’y peu[t] rien si cette histoire ne compte d’un côté que des femmes et qu’elles se retrouvent confrontées à des gens qui sont presque tous des hommes”. Alors elle écrit comment ces femmes “tentent d’obtenir justice” et défient “les forces considérables déployées par les plus grands cabinets d’avocats d’affaires”.

Distillant les informations avec pertinence sans étouffer le lecteur, changeant de point de vue et de temporalité avec brio, dans le format d’une littérature du réel où elle excelle, Justine Augier nous plonge dans cette affaire et signe ici un récit magistral, d’une précision et d’une fluidité remarquables.

Chloé Lassel 

Personne morale, Justine Augier, Actes Sud, 288 pages, 22 euros, 16,99 euros en format numérique

Crédit photo : vidéo de la librairie Mollat

justineaugielivrecouvsept24 

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