Wolters Kluwer dévoile les résultats de son enquête "Avocats et juristes face au futur" de 2023. Une très grande majorité des professionnels du droit envisage d’adopter l’IA générative. Quant aux exigences ESG, plus de la moitié des cabinets d’avocats et des départements juridiques ne se sentent pas tout à fait prêts à y répondre.
L’enquête de Wolters Kluwer "Avocats et juristes face au futur" : la technologie a le vent en poupe chez les professionnels du droit
Ce sont 73% des professionnels du droit qui prévoient d’intégrer l’intelligence artificielle (IA) générative à leurs modes de travail. Ce chiffre ressort de l’enquête "Avocats et Juristes face au futur” 2023 menée par Wolters Kluwer, leader mondial de l'information professionnelle, des solutions logicielles et des services, menée pour la cinquième année. Avocats ou juristes en entreprise, 700 professionnels issus des États-Unis, Pays-Bas, Allemagne, France, Espagne, Hongrie, Italie, Pologne et Belgique ont été interrogés.
Martin O’Malley, PDG de Wolters Kluwer Legal & Regulatory décrypte ces résultats : "Les professionnels du droit reconnaissent le rôle essentiel de la technologie pour créer plus de valeur au sein de leurs organisations et pour la société dans son ensemble. Que ce soit pour améliorer la collaboration, consolider les relations ou optimiser les flux de travail, la technologie est au cœur de l'évolution de l'ensemble du secteur vers l'avenir." Une affirmation qu’il nuance : "Même dans un monde de plus en plus impacté par ChatGPT et d'autres formes d'IA, la profession juridique continue de tirer sa force des relations humaines."
L'IA très appréciée au pays des tulipes
Autres chiffres à retenir : 87% des professionnels du droit estiment que la technologie a amélioré leur travail quotidien. Parmi les répondants, ils sont nombreux à accueillir avec confiance l’IA générative. L’enquête révèle que 68% des professionnels du droit affirment se sentir préparés à l'impact de l’IA générative, et 73% disent comprendre la façon dont elle peut être appliquée à leur travail. Pour un quart des juristes interrogés, l’IA représente une menace. Pour un autre quart, elle est perçue à la fois comme une menace et une opportunité. La plus grande partie des répondants (43%) voit dans cette technologie une opportunité.
Si l'on établit une comparairon par pays, c’est au Pays-Bas que l’on trouve la plus grosse part de professionnels du droit à considérer l'IA générative comme une opportunité (65%) contre 46% outre-Atlantique et 20% en France. Les Néerlandais ont répondu en masse (89%) avoir une bonne compréhension de l'application de l'IA à leur travail. Sur ce point, les Américains les suivent de peu avec 80% de réponses similaires.
La technologie, un incontournable pour 46% des avocats
Seul 4% des professionnels sondés estiment ne pas suffisamment se servir de la technologie pour leur travail. À l’inverse, 46% d’entre eux pensent l’exploiter pleinement. Pour 87% des interrogés, la technologie a amélioré leur quotidien. Un grand nombre d’avocats (85%) et de juristes d’entreprise (84%) s'attendent à utiliser à l'avenir davantage les technologies visant à améliorer la productivité. Près de la moitié des cabinets d'avocats (46%) considèrent comme essentielle l’utilisation de la technologie pour améliorer la productivité, répondre aux exigences des clients, améliorer la collaboration et les processus de travail.
"Les cabinets d'avocats qui tardent à adopter les technologies juridiques risquent de perdre non seulement des clients, mais aussi des talents émergents", selon Robert Ambrogi, avocat et journaliste du Massachusetts qui étudie la technologie juridique depuis vingt ans, et témoigne pour l'enquête de Wolters Kluver. Il ajoute que "Les professionnels qui entrent sur le marché juridique dans le contexte actuel veulent rejoindre des cabinets à la pointe de l'innovation".
La technologie au soutien du travail à distance
En matière d’ESG, la tendance s’inverse et les professionnels du droit paraissent légèrement moins confiants. Selon l'enquête, 69% des cabinets d'avocats et 61% des départements juridiques des entreprises déclarent ne pas être encore prêts à répondre pleinement aux attentes dans le domaine ESG. Alors que pour la moitié des avocats interrogés (50%), ils anticipent une augmentation de la demande de la part des clients pour les services juridiques en matière d’ESG. L’autre moitié (45%) pense au contraire, que les professionnels du droit vont faire face à une stagnation de cette demande. Une part qui a grimpé en un an puisqu'ils étaient 36% à le penser en 2022. La maîtrise de la technologie pèse sur le recrutement : 89% des professionnels du droit estiment qu'il est important de disposer de technologies qui soutiennent leur capacité à travailler à distance pour répondre aux exigences des candidats.
L’enquête portait également sur les politiques de diversité, d’équité, d’inclusion et d’appartenance (aussi appelées DEIB). Une très large partie des répondants (88%) se disent satisfaits des efforts de leur employeur pour créer un environnement de travail et une culture diversifiés. Presque autant de professionnels du droit (82%) travaillent pour des organisations qui prétendent avoir créé avec succès un environnement diversifié et inclusif. Les chiffres baissent lorsque l’on interroge sur les politiques DEIB formelles déjà mises en place : seuls 55% des cabinets d'avocats et des services juridiques d'entreprise de l’enquête en disposent. La plupart d’entre eux planifient ces politiques pour l’avenir, que ce soit pour les prochains mois (22%) ou pour les prochaines années (15%). Un chantier toujours en cours pour les juristes et particulièrement pour les cabinets d'avocats, sans cesse en quête de nouveaux talents.
Anne-Laure Blouin