Deux ans à peine après sa création, la société de conseil en développement des cabinets d’avocats Anomia vient d’être rachetée par le groupe propriétaire de la solution Diapaz, Xelya. Une opération éclair réalisée pour faciliter la recherche de performance des organisations juridiques. Retour sur les enjeux de cette acquisition marquante sur le marché des professionnels droit avec Cyril Bouchet, cofondateur de Xelya, et Valentin Tonti Bernard, son homologue chez Anomia.

Décideurs Juridiques. Xelya rachète Anomia quelques mois seulement après vos premières discussions. Pourquoi un tel empressement ?

Cyril Bouchet. En effet, tout s’est passé très vite entre notre rencontre et l’intégration de l’équipe d’une dizaine de personnes d’Anomia. Notre philosophie : ne pas couper l’herbe sous le pied des jeunes pousses ni casser leur élan. Sans nous, Anomia est une société performante et en plein développement. De notre côté, nous avons déjà réalisé six rachats depuis 2012 et, à chaque fois, nous nous améliorons. Nous voulions poursuivre notre croissance, mais ensemble.

Valentin Tonti Bernard. Chez Anomia, nous connaissions déjà Diapaz, le logiciel de gestion des cabinets d’avocats de Xelya, pour avoir travaillé avec des structures utilisatrices. Nous l’apprécions avant même de rencontrer les personnes chez Xelya. Ensuite, tout est allé très vite entre le mois de juin dernier et la finalisation de notre accord ce mois-ci.

Que gagneront vos clients respectifs ?

C. B. Beaucoup plus d’efficacité. Je m’explique : l’intégration d’un logiciel métier dans une organisation trouve ses limites lorsque cette même organisation est isolée. L’idéal, pour rendre efficace une démarche de numérisation des fonctions juridiques, est de l’inclure dans une action globale stratégique. Plus nous arrivons en amont de la réflexion, plus les outils déployés sont pertinents et adaptés aux besoins. Bénéficier de la vision du conseil d’Anomia nous permet d’anticiper les attentes et d’adapter nos solutions à chaque organisation. Pour faire simple : nous ne sommes plus un simple éditeur de logiciels qui arrive au moment de l’appel d’offres, mais sommes dorénavant intégrés dans une vision à long terme.

Vous parlez d’une intégration d’Anomia « en toute autonomie ». Pourquoi ?

V. T. B. Parce que nous pourrions faire l’objet de soupçons de conflits d’intérêts, nos clients pouvant penser que nous cherchons avant tout à vendre la solution Diapaz lors de notre activité de conseil. Or, ce n’est pas le sujet. Nous ne le conseillerons que lorsqu’il sera adapté à l’organisation que nous accompagnons.

C. B. Nous avons choisi de concéder à Anomia une grande autonomie au sein du groupe puisque cela correspond aussi à notre organisation. Depuis le 1er janvier 2021, Xelya est une entreprise libérée. Chaque équipe est autonome et responsable de ses produits pour être au plus proche du marché qu’elles servent, sans hiérarchie. Et, au centre de la société, figure le groupe de directeurs et de managers au service de chacune d’elle. Anomia Xelya est donc une équipe autonome.

Côté Anomia, qu’est-ce qui vous plaît chez Diapaz et quelles sont les améliorations que vous percevez déjà ?

V. T. B. En tant qu’utilisateurs, nous avons constaté la puissance de l’outil en matière de management de cabinets d’avocats. Facile, efficace. L’avantage d’être aujourd’hui réunis est de pouvoir recueillir les avis des clients pour l’amélioration de la solution, un retour objectif avec un regard neuf.

C. B. D’ores et déjà, nous proposons des indicateurs de performance pour le pilotage des cabinets. Mais il manque à l’outil son intégration dans la stratégie de l’organisation. Il gagnera ainsi en performance.

Par exemple ?

C. B. Concrètement, certains cabinets nous sollicitent actuellement pour la sécurisation de leurs outils de gestion informatique et de leurs données au moment où eux-mêmes sont interrogés par leurs clients sur ces questions de sécurité informatique. L’urgence de la tâche lui retire de son efficacité. Or, finalement, ce qu’ils attendent de nous, c’est une analyse des risques cyber pour former en interne, protéger leur organisation et assurer leur pérennité.

La technologie au service de l’humain ?

C. B. Tout à fait, puisque notre mission est bien sûr de dompter la complexité pour faciliter la vie de nos clients, mais aussi d’essaimer de nouvelles manières de travailler basées sur la confiance et l’autonomie. Bref, de nouvelles expériences de vie pour que nos clients participent à la croissance de leurs clients et fidélisent leurs collaborateurs. Nous continuons d’ailleurs de nous intéresser aux sociétés qui partagent cette vision.

Propos recueillis par Pascale D’Amore

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