Ultra-connectée, rebelle, exigeante, allergique à la hiérarchie et à l’autorité, insolente, narcissique, fainéante… La génération Z, acculée de stéréotypes, fascine autant qu’elle effraie. Arrivée sur le marché du travail, cette jeunesse marque un tournant dans les modes de management imposant aux DRH une profonde refonte de leurs pratiques.
Gen Z, vraiment ingérable ?
Les aspirations des post-millennials, multiples et nuancées, appellent des réponses qui le sont tout autant. Proposer un cadre de travail attrayant en adéquation avec les besoins et les valeurs de l’entreprise ne suffit plus à attirer cette nouvelle génération en quête de reconnaissance et d’apprentissage continu. Du côté des managers, la situation est délicate...
Qui sont-ils ?
Les "Z" ou encore appelés "digital natives" sont nés depuis le début des années 2000, ont moins de 25 ans et entrent progressivement dans la vie active. Ces jeunes n’ont pas connu le monde sans Internet et les réseaux sociaux…. Bref, ils ont grandi avec un smartphone dans la main. Sensible au marketing, à l’information et à la consommation, cette génération est marquée par l’analyse instantanée et continuelle de l’information.
Par leur capacité à "slasher", autrement dit à mener plusieurs activités de front, ils expérimentent sans crainte, avec audace, plus vite et en cavalier seul. Claire Pascal, directrice générale de Comundi, évoque une génération qui bouleverse les modes de travail mais dont le fonctionnement est non seulement très intéressant, mais aussi gage de richesse pour l’entreprise : "C’est une génération qui déstabilise beaucoup les lignes managériales puisqu’elle dépasse de très loin les managers en compétences informatiques. Les Gen Z ne sont pas forcément rebelles puisqu’ils sont attachés à leur entreprise d’une façon bien différente des précédentes générations. Une fois intégrés, ils restent fidèles au groupe humain qu’ils vont constituer et créer de la valeur ajoutée aux institutions. Les valeurs et le sens au travail comptent énormément pour eux. Il est nécessaire pour les entreprises de recontextualiser cela au moment du recrutement."
"Cette génération n'est pas forcément rebelle, elle est attachée à l'entreprise d'une façon différente des autres générations"
De nouvelles attentes professionnelles
Pour la génération Z, le travail est important. Toutefois, elle ne sacralise plus l’entreprise comme les anciennes générations et peut, à tout moment, la quitter sans état d’âme. Ce qui l’attire, c’est un travail qui lui permet de s’accomplir tout en lui apportant du plaisir. Cela se traduit principalement par un fort désir d’indépendance et de responsabilisation, une quête du sens et le besoin d’engagement, l’épanouissement et l’équilibre de vie, une relation d’égal à égal et la recherche du plaisir. Proactifs, ils n’hésitent pas à se créer leurs propres opportunités et à bouleverser les modes d’organisation. Claire Pascal corrobore cette idée en indiquant qu’ils sont des "anti-monotâches qui ont besoin de comprendre l’écosystème dans lequel ils vont travailler. Fidèles au groupe humain qu’ils vont constituer, ils bouleversent pourtant l’organisation du travail puisqu’ils souhaitent également avoir des horaires de travail flexible". Trouver un emploi qui incarne leurs valeurs et dans lequel ils pourront s’épanouir tout en étant engagés reste fondamental pour donner un sens à leur carrière.
Faire évoluer son mode de management
Dès lors, pour les managers, il devient nécessaire d’adapter l’onboarding et de comprendre le fonctionnement de cette génération pour faire de cette différence une richesse. Aujourd’hui, la génération Z représente déjà 20% des effectifs. Il est donc essentiel pour les entreprises de les comprendre et de les séduire si elles souhaitent les recruter. Repenser les modes de management devient ainsi un véritable enjeu pour les entreprises si elles souhaitent pérenniser leur activité et assurer leur développement.
Selon la directrice générale de Comundi, comprendre cette jeunesse pour s’y adapter n’est plus une option. Adopter une posture de manager-coach bienveillant et laisser place à l’autonomie est la condition sine qua non à cette bonne entente : "C’est une génération qui n’a pas besoin d’être encadrée mais qui, paradoxalement, souhaite tout de même travailler en entreprise. Le manager doit alors changer de position et devenir manager-coach. Ils sont en recherche d’un manager qui les aide non pas à leur donner de la connaissance descendante mais partager la méthode pour donner un sens à cette connaissance à laquelle ils peuvent avoir accès." Il ne s’agit pas de refondre l’ensemble des pratiques managériales mais plutôt de repenser l’accompagnement et de les impliquer dans les réflexions stratégiques de l’entreprise.
Une remise en question du manager
Se former pour maîtriser les outils de coaching, mettre en place un management coresponsable et générer la cohésion intergénérationnelle dans un environnement de travail inclusif, deviennent les nouvelles missions du manager. Dans cette veine, la formation "Intégrer, mobiliser et manager la génération Z" proposée par Comundi rencontre un vif succès. Ils ont "besoin de partager les expériences qu’ils peuvent vivre et demandent à comprendre cette génération".
Alexis Ellin