Ludovic de Gromard, favoriser la mobilité
Ludovic de Gromard commence sa carrière comme deputy project manager aux Émirats arabes unis, dans une usine de fabrication de bouteilles, avec pour principale mission de recruter 180 collaborateurs. Au cours de cette expérience, il découvre que "vérifier les compétences techniques est assez simple, tandis que s’assurer de l’engagement des futurs collaborateurs s’avère nettement plus compliqué".
Une question de sens…
Son employeur lui confie une nouvelle mission mais cette fois aux États-Unis où il est étonné d’entendre des personnes très diplômées parler de leur travail sans pouvoir répondre à la simple question "pourquoi l’avez-vous choisi ?". "Je ne voyais pas quoi faire de mieux que tenter d’aider chacun à trouver sa place en milieu professionnel, pour moi le sens au travail n’est pas un problème de riche, mais la condition sine qua non de l’engagement de tous."
Animé par ce projet, Ludovic de Gromard intègre l’Essec pour y étudier l’entreprenariat social et, dans ce cadre, part au Bangladesh pour approfondir l’impact du travail de Muhammad Yunus, économiste, entrepreneur bangladais et prix Nobel de la paix. C’est avec lui qu’il fonde Chance, pour "essayer d’améliorer l’égalité des chances et la mobilité sociale", sujets chers à son cœur depuis l’enfance…
Cette entreprise de l’ESS a lancé un appel et 2 500 personnalités s’engagent désormais à ouvrir leur carnet d’adresses
…Et de mobilité sociale
Ludovic de Gromard en est convaincu, le meilleur accélérateur de la mobilité professionnelle donc sociale, c’est l’engagement des personnes dans leur travail. Or il est souvent freiné par les barrières internes que l’on se met, notamment quand on ne sait pas qui l’on est, ce que l’on cherche, de même que par les entreprises, pas toujours prêtes à recruter un candidat au profil non linéaire… Avec Chance, Ludovic de Gromard a voulu agir sur chacun de ces freins, à travers un parcours de coaching digital permettant à "l’apprenant" de choisir sa place dans le monde et de repousser ses limites.
Par ailleurs, une personne suivant le programme rencontrera au minimum treize personnes, et profitera de leurs relations, faisant ainsi grandir son réseau. Dans cette démarche, début 2021, cette entreprise de l’ESS a lancé un appel et 2 500 personnalités s’engagent désormais à ouvrir leur carnet d’adresses.
L’opportunité dans la crise
Visionnaire, Ludovic de Gromard est porté par une envie de développement permanente, raison pour laquelle depuis sept ans il réinvestit des sommes considérables en recherche et développement dans des domaines comme la pédagogie, la data ou la psytech (imbrication de la psychologie, de la technologie et de la science des données). Pour cet entrepreneur, le contexte actuel fait remonter au plus haut niveau la question du sens individuel. Depuis l’épidémie de Covid, une crise existentielle touche toutes les catégories de population et il est souvent consulté pour des questions de sens au travail. D'après lui, le meilleur levier de motivation des collaborateurs n’est pas la rémunération, mais le réengagement par l’orientation professionnelle.
Roxane Croisier