CFA d'entreprise : une solution gagnante
Alors que la pénurie de main-d’œuvre affecte de nombreux secteurs en France, la formation professionnelle évolue selon les nouveaux impératifs économiques. Depuis la réforme de 2018, la reconversion a le vent en poupe et la création de CFA d’entreprises se révèle une solution gagnante.
Pallier le manque de main-d’œuvre
Lors de l’inauguration du CFA de Orange, Élisabeth Borne, ministre de l’Emploi, évoquait la création d'une trentaine de CFA. Depuis la loi « avenir professionnel », nombre d’entreprises ont franchi le cap et ont créé leur propre structure. On compte parmi elles L’Oréal, Total, Safran, Accor, Adecco, Korian, Saint-Gobain et d’autres grands noms. Valérie Dab, déléguée à l'Emploi et aux Mutations économiques et directrice du CFA Saint-Gobain, indique que cela permet de "La création d'un CFA permet chez Saint-Gobain de prévenir le manque de mains d'oeuvre et de maintenir les compétences en interne". Christophe Guillery, directeur de la formation chez Korian France, ajoute : " la création du CFA nous semblait nécessaire afin d’aller au-delà de ce que proposait le marché, booster l’apprentissage dans ce secteur." Si la mise en place d’un CFA permet dans un premier temps de constituer un vivier de talents, l’apprentissage en interne offre également des possibilités de former directement les salariés aux compétences requises pour l’entreprise.
"La Fipa répond aux attentes des entreprises mais est également un booster social".
Former aux métiers de demain
Pour des métiers en tension ou hyperspécialisés, de plus en plus d’entreprises préfèrent transmettre les compétences propres à leur secteur à des apprenants plutôt que de rechercher ces dernières sur le marché de l’emploi. Dès l’inauguration de son CFA, Orange indiquait créer des formations pour les métiers numériques de demain. Autre opportunité offerte par ce type de formation : recruter au-delà du marché de l’emploi traditionnel. Yann Bouvier, chargé de mission à la Fondation Innovation pour les apprentissages (Fipa) souligne que "la Fipa répond aux attentes des entreprises mais est également un booster social".
Levier d’innovation sociale
Valérie Dab précise en effet que l’apprentissage favorise l’inclusion de personnes éloignées du marché de l’emploi mais aussi "la féminisation de certains métiers techniques". Olivier Riboud, directeur général chez l'Industreet, a en ce sens souhaité dépasser le cadre d’un simple CFA avec la création fin 2020 de l’Industreet : un campus à la pédagogie innovante et peronnalisée. "Nous formons des personnes avec ou sans diplôme et sur des temps différents selon les aptitudes de chacun" indique-t-il. Si la formation innove dans le digital afin d’embarquer un public plus large vers les métiers de demain, les dispositifs encadrant sa mise en place représentent encore un frein pour certaines entreprises.
Le potentiel de la formation est tel que l’État en a fait une partie intégrante de son plan de relance. En 2015, la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) comptait 32 millions d’euros de dépenses par an pour la formation en France. Si la réforme de 2018 a accéléré la formation professionnelle, certains points d’amélioration demeurent, tels que la facilitation par les Opco de l’accompagnement de la création des CFA ou l’ouverture des parcours aux plus de 30 ans. Se réinventer face aux mutations du secteur de l’emploi est le mot d’ordre des acteurs de la formation.
Elsa Guérin