Si de nombreux outils permettent de travailler de chez soi ou de gagner du temps, d’autres peuvent servir à espionner les salariés en toute discrétion…

La crise sanitaire qui dure depuis plus d’une année aura une conséquence qui peut ravir bon nombre de salariés. Les entreprises ont été contraintes de développer le télétravail et réalisent que ce mode de fonctionnement n’a pas eu d’impact sur la productivité. Un retour à la case « tout bureau pour tout le monde » semble inenvisageable. Désormais, la possibilité de travailler de chez soi quelques jours par semaine est un incontournable pour attirer les meilleurs talents. Le tout grâce à des outils qui permettent réunions à distance, partage de fichiers ou management efficace. Mais dans cette massification du télétravail, un angle mort semble quelque peu négligé. Si elles le veulent, certaines entreprises peuvent très facilement espionner leurs collaborateurs. Un employeur peut potentiellement se transformer en big brother espionnant les salariés directement sur leur poste de travail, du bureau, ou de chez eux. L’avènement du patron ou du manager Big Brother serait-elle venue ? Le quotidien professionnel pourrait-il avoir un petit air de 1984 ? Oui, si certains outils sont utilisés à mauvais escient.

Salariés sous surveillance ?

Ainsi, l’intelligence artificielle (IA) de Cogito Corp, qui propose une application pour centres d’appels, est capable de scruter vos appels téléphoniques et d’analyser le ton de votre voix en s’appuyant sur 200 signaux spécifiques dans le but de déterminer votre niveau d’empathie envers l’interlocuteur. Les données historiques issues de centaines de conversations permettent ensuite de dégager des tendances, voire des difficultés afin d’améliorer le relationnel. Cela fonctionne aussi avec la voix des clients, ce qui permet par exemple de détecter la réceptivité d’une personne par rapport à la proposition de vente. Idéal pour améliorer la relation client. Ou pour voir qui est motivé et qui ne l’est pas…

D’autres logiciels basés sur l’IA permettent de prédire quel employé est le plus susceptible de démissionner ou de tomber malade. Certains, comme Ekran ou Veriato, se consacrent à suivre en permanence ce que fait l’employé qui travaille à distance en prenant des captures d’écran à intervalles irréguliers en enregistrant toutes ses actions. Veriato est ainsi capable de déterminer le temps non productif (passé par exemple à consulter les news ou la météo – et compare même les statistiques des employés entre eux). Ekran dispose de son côté d’un système basé sur l’IA qui analyse le comportement de l’utilisateur et alerte en cas de déviation. Outre le fait que ces outils posent de nombreux problèmes éthiques, lorsque l’IA peut déterminer qu’un niveau de performance n’est pas aligné, pourquoi ne déciderait-elle pas de licencier l’employé sur le champ ? On imagine les difficultés humaines, techniques et légales qu’un tel comportement pourrait induire…

ImageGilles Lancrey

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