D. Lamiaux (Kiloutou) : "Tendre la main à des jeunes en rupture"
Décideurs. En tant qu’entreprise du Nord de la France, Kiloutou aime à souligner l’importance de sa culture d’entreprise. Sur quoi repose-t-elle?
David Lamiaux. Des valeurs humaines somme toute assez simples. À l’image de nos clients, qui évoluent pour beaucoup dans le domaine des travaux publics, nous sommes des travailleurs engagés. La période a aussi montré combien, chez nous, agilité et humilité n’étaient pas des mots creux. Pour la première fois en quarante ans d’existence, le groupe a été contraint de fermer l’ensemble de ses sites français. Face à cela, l’ensemble de nos équipiers a su rester mobilisé dans cette période d’incertitude et notamment auprès des structures de santé qui nous sollicitaient. Nous leur avons apporté tout notre soutien par des actions de solidarité au niveau national pour leur fournir des tentes, chauffages, groupes électrogènes. Cette solidarité à l’égard de la communauté nationale n’a pas été mise en avant tant elle nous est naturelle. En interne, elle se transmet d’autant plus facilement que l’organigramme est établi sur un schéma davantage horizontal. Au mille-feuille hiérarchique, nous préférons en effet le tutoiement et le partage de moments de convivialité.
Comment cultiver cette relation de proximité dans une période placée sous le signe de la distanciation sociale?
Cette année plus qu’aucune autre auparavant, nous avons été au contact des équipiers. Sans jamais être intrusif, il nous fallait comprendre ce qu’ils vivaient vraiment, répondre à leurs attentes et, à l’inverse, ne pas laisser s’installer une attente insupportable du fait d’un manque d’information. Si les managers se sont vu déléguer l’essentiel des interactions humaines, ils ont été soulagés du versant communication. Tous les deux, trois jours, le président s’adressait directement à l’ensemble des collaborateurs. L’idée était de permettre à chacun de s’approprier la situation grâce à cet exercice de transparence mais également au travers d’un journal de bord qui, sous forme de vidéos, recueillait le témoignage des équipes sur le terrain.
"Chaque année, nous recevons 45 000 CV... Signe que nos métiers attirent et suscitent toujours autant d’intérêt !"
Communiquer est-ce aussi un atout pour attirer de nouveaux talents ?
On ne va pas se mentir, ce sera toujours compliqué puisque nous demeurons associés soit à la grande distribution soit au BTP, deux univers qui pâtissent encore d’une image peu glamour. Chaque année, nous recevons plus de 45 000 CV pour environ 900 recrutements en comptant le turnover. Signe que nos métiers attirent et suscitent toujours autant d’intérêt !
Ce dernier atteint-il des taux importants ?
Il reste toujours trop haut mais nous nous situons dans la moyenne du secteur. Cela s’explique davantage par une moyenne d’âge jeune que par l’expérience collaborateurs. Ceux-ci peuvent faire un bout de chemin avec nous puis partir vers d’autres horizons en gardant de très bons souvenirs. J’en veux pour preuve nos labellisations Top Employeur® et Happy At Work®. En tant que DRH, je ne vis pas le turnover comme un échec, bien au contraire. Il me semble tout aussi essentiel d’avoir des ambassadeurs au sein de l’entreprise qu’à l’extérieur.
"Nous réfléchissons très sérieusement à l’opportunité de créer très prochainement un CFA"
La formation joue-t-elle un rôle dans le rayonnement de votre marque employeur?
Le groupe offre aux équipiers une école classique d’acculturation ainsi que des ateliers propres à chacun des métiers. Il s’associe aussi à des initiatives à destination de publics éloignés de l’emploi. C’est ce qui nous avait conduit notamment à créer notre école qualifiante pour former et tendre la main à des jeunes en rupture. L’école qualifiante est actuellement en sommeil. Ce type de projets ne représente donc pas une filière miracle en matière de recrutement. Néanmoins, ils viennent nourrir la marque employeur. Quelle source de fierté, en effet, pour les équipiers impliqués ! De tels dispositifs de formation sont essentiels pour assurer la relève de demain dans le secteur du BTP. Nous réfléchissons d’ailleurs très sérieusement à l’opportunité de créer très prochainement un CFA aux côtés de deux autres structures nordistes.
Propos recueillis par Marianne Fougère