Déjouant tous les pronostics, patronat et syndicats ont finalement trouvé un terrain d’entente sur le dossier du télétravail. Un accord qui fait la part belle au dialogue social.

Pour les enfants, décembre rime d’ordinaire avec décompte. Chaque matin, un chocolat de plus de mangé et un jour de moins jusqu’aux fêtes de fin d’année. Mais, en 2020, même les partenaires sociaux disposent de leur propre calendrier : ils peuvent parapher, avant le 23 décembre, l’accord âprement négocié sur le télétravail. 

Ils peuvent, également, égrener les jours pour anticiper une évolution du télétravail en 2021 puisque celui-ci, l’a rappelé Jean Castex, "restera la règle et devra être le plus massif possible". En d’autres termes, dès la rentrée des congés de Noël, patronat et syndicats n’auront d’autre choix que de tenir leur bonne résolution : à savoir s’attacher à une "mise en œuvre réussie du télétravail". Et l’accord interprofessionnel (ANI) tout juste conclu contient quelques pistes pour y parvenir. 

Négocier âprement sur le télétravail

Il est vrai que, jusqu’au bout, le Medef a tenu bon sur le caractère "ni normatif, ni prescriptif" du texte, provoquant une fin de non-recevoir de la part de la CGT qui a déjà annoncé qu’elle ne rejoindrait pas le camp des signataires. Non contraignant, l’ANI n’en devient pas moins un "accord de référence", destiné à être inscrit dans la loi. Et, observe-t-on du côté de la CFDT, "quand les trois organisations patronales signent, ça engage leurs mandants". "Une normativité de fait" qui explique l’avis favorable donné par les syndicats mais pas seulement. 

Depuis le début des négociations, le Medef a en effet consenti à quelques compromis. Inscription de la notion de double volontariat, garantie du principe de réversibilité, éligibilité des postes au télétravail : autant de sujets débloqués grâce aux échanges entre les représentants des différentes organisations. Autant de sujets qui conditionnent surtout "la mise en œuvre réussie du télétravail" à la bonne santé du dialogue social dans les entreprises. Pour ne prendre qu’un exemple, les syndicats ont ainsi obtenu que la définition des postes télétravaillables n’échoit pas uniquement à l’employeur. Elle pourra, comme le déploiement du télétravail en temps de crise, "utilement alimenter le dialogue social".

"Quand les trois organisations patronales signent, ça engage leurs mandants"

Travailler durement au dialogue social

La question de la place de la discussion dans les entreprises a donc constitué le nœud le plus difficile à dénouer durant les négociations. Pourtant, son "utilité", pour reprendre le lexique de l’ANI, n’est plus à démontrer. Le sondage CFDT-Kantar, réalisé en avril 2020, a ainsi souligné le lien étroit entre vigueur du dialogue social et confiance des salariés. Celle-ci atteint un taux de 85% quand existe une vraie culture du dialogue contre 67% dans les entreprises où il n’y en a pas. Propice à la négociation, une éthique de la discussion ancrée dans les valeurs des organisations permet aussi d’adapter les dispositions aux spécificités de chaque environnement de travail. Mieux, elle seule permet de lever certaines idées préconçues. Impossible, en effet, de bousculer, sans en discuter, la dichotomie commode mais pas moins manichéenne entre métier télétravaillable et métier non télétravaillable. Si vous prenez le temps d’échanger avec une assistante de direction ou un technicien de maintenance, vous prendrez conscience que certaines de leurs tâches se réalisent tout à fait bien en télétravail. La première n’a pas besoin d’être physiquement présente pour mettre en forme des documents ou préparer des réunions, le second pour suivre les réclamations clients ou gérer les commandes de pièces.  

62% des métiers sont télétravaillables

À en croire ce nouvel ANI obtenu à l’arrachée, le dialogue social représenterait donc une double source d’efficacité. D’une part, parce qu’il fournit un socle commun à toutes les entreprises, y compris les plus petites qui ne sont pas toutes dotées d’un négociateur syndical. D’autre part, parce qu’il évite de tomber dans le piège du dégel de l’éternel clivage entre col blanc et col bleu. Ce n’est en effet qu’au travers de la discussion qu’il est possible d’abandonner une approche par métier trop étriquée et d’aboutir à une cartographie des compétences professionnelles télétravaillables comme celle réalisée par Boostrs. En répartissant 10 000 compétences techniques constitutives de 3 000 métiers en trois catégories (non télétravaillables, partiellement télétravaillables, totalement télétravaillables), cette start-up a montré que 62% des métiers sont télétravaillables. Soit, confiait son CEO Vincent Lebunetel lors du webinar "Travailler en 2021" organisé par l’Acsel, le double des estimations faites par le ministère du Travail ! Autant dire que les débats n’ont pas fini d’être vifs et animés

Marianne Fougère

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