Une aide à l'embauche fortement augmentée pour les entreprises qui recruteront un apprenti à partir du 1er juillet : c’est avec cette mesure que la ministre du Travail, Muriel Penicaud, lance la construction d’une "nouvelle donne" sociale autour de la "préférence pour l’emploi".

"Les entreprises qui recruteront un apprenti du 1er juillet 2020 au 28 février 2021 bénéficieront d'une aide élargie à l'embauche de 5 000 euros pour les mineurs à 8 000 euros pour les majeurs (de 18 à 30 ans)" a annoncé Muriel Pénicaud à l’issue de la rencontre qui s'est tenue jeudi 4 juin à l'Elysée entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Le plan de relance témoigne d’un arbitrage entre la demande d’une aide unique de 10 000 euros pour toutes les entreprises embauchant un apprenti et le souhait d’un contrat "zéro coût" émis respectivement par le Medef et la CPME. La ministre du Travail a ainsi souligné que "le coût d'un apprenti sera quasi nul la première année pour toutes les embauches entre le 1er juillet et le 28 février de l'année prochaine" et que ces aides s'appliqueront quel que soit le diplôme suivi, du CAP jusqu’à la licence professionnelle.

Plus d’un milliard d'euros

Le gouvernement a également répondu aux préoccupations de la CFDT qui penchait, de son côté, pour une aide ciblée en direction des entreprises de moins de 50 salariés. Mais, en même temps, il est allé plus loin, toutes les entreprises pouvant bénéficier de ces aides. Aucune condition ne sera requise pour les PME de moins de 250 salariés. En revanche, les entreprises de taille supérieure devront, quant à elles, atteindre le quota légal de 5 % d'alternants dans leurs effectifs en 2021, ou bien rembourser les sommes perçues. Ces mesures représenteront "un coût supplémentaire pour l'État supérieur à un milliard d'euros", selon l’entourage de la ministre.

L’objectif affiché est bel et bien de faire en sorte que l'apprenti ne coûte rien à l’entreprise. La première année d'apprentissage aura donc un "coût quasi nul" pour une entreprise, puisque le salaire minimum d'un apprenti la première année est de 416 euros par mois s'il a 16 ou 17 ans, de 662 euros s'il a entre 18 et 20 ans. Entre 21 et 25 ans, cela représentera un reste à charge de 175 euros par mois.

Si l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) salue le coup de pouce financier qui représente un véritable levier pour l’accès à l’emploi des jeunes, elle s’inquiète des "possibles effets d’aubaine". Il faudra, selon elle, veiller, à ce que "l’alternance n’entre pas en concurrence avec de potentiels recrutements". L’Association Nationale des Apprentis de France (ANAF) craint pour sa part que les entreprises préfèrent remplacer "des apprentis sortants par de nouveaux apprentis au lieu de leur proposer un contrat durable". Le risque serait ainsi de voir le soutien économique transformer les apprentis en "main d’œuvre à bas coût".

Maintien des effectifs

Autre inquiétude formulée par les partenaires sociaux : la sécurisation des parcours. À ce sujet, la ministre a choisi de pérenniser l’extension de la durée de trois à six mois pour trouver une entreprise. Les apprentis pourront donc rester en CFA le temps de décrocher un contrat d’apprentissage, une échéance de six mois, jugée "trop faible" par l’ANAF, qui "ne poussera pas les jeunes à s’engager dans cette voie"

Pourtant, ces mesures n’ont d’autre but que d’insuffler un nouvel élan à l’apprentissage. En état d’urgence aujourd’hui, la filière enregistrait une progression de 16% en 2019, la France comptant alors pas moins de 485800 apprentis. Or, "l’apprentissage", comme le rappelle Yves Hinnekint, président de Walt, association de promotion de l’alternance, constitue "un moyen économique social, managérial, de faire redémarrer des activités".

Certaines entreprises l’ont bien compris. Sans attendre les mesures de soutien, Engie a annoncé qu’il maintiendrait son effort. Comme prévu, ce ne sont pas moins de "2500 alternants qui seront recrutés en 2020, du CAP au bac+5". L’objectif reste d’atteindre 10% des effectifs du groupe en 2021, contre 7% en 2019 et 9% en 2020. Les arguments financiers ne sauraient donc suffire à convaincre les employeurs de prendre des apprentis cette année. "Il faut", estime Yves Hinnekint, "un cocktail entre travail de conviction des entreprises, aide financière et engagement citoyen".

Séverine Tavennec, Marianne Fougère

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