Raquel Garrido : « Le contenu des ordonnances engendrera une baisse du pouvoir d’achat des Français »
Décideurs. Qu’attendez vous de cette « semaine sociale » ?
Raquel Garrido. Nous souhaitons qu’un maximum de forces se mettent en mouvement pour que ces ordonnances soient retirées. Les députés de la majorité doivent sentir que le contenu de ces textes va trop loin et qu’il est très éloigné des promesses faites par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle.
« Les députés de la majorité doivent sentir que le contenu de ces textes va trop loin »
Les chefs d’entreprises, dans leur grande majorité, sont pourtant favorables à la direction que prennent ces ordonnances…
Je suis moi même chef d’entreprise, puisque je dirige mon propre cabinet d’avocats. Comme un grand nombre de patrons de petite et moyenne entreprises, je ne suis soumise à aucun risque de délocalisation. Ce dont j’ai besoin avant tout, c’est d’une clientèle nationale dotée d’un certain pouvoir d’achat. Or, ce que prévoit les ordonnances conduit inévitablement à une baisse des salaires et donc du pouvoir d’achat des Français. Le problème des chefs d’entreprise ne réside pas dans leur capacité ou non à pouvoir licencier leurs salariés, comme veut le faire croire Emmanuel Macron.
Le Medef réclame notamment une baisse des charges qui pèsent sur les entreprise. Le comprenez vous ?
Ce qu’il faut aux entreprises, c’est une clientèle en mesure de répondre à leur offre. Plus de pouvoir d’achat pour les Français, c’est plus de travail pour les entreprises. Le Medef défend un capitalisme financier, et ne représente par conséquent qu’une petite part des chefs d’entreprise. Je crois que ces derniers veulent surtout pouvoir embaucher.
« Plus de pouvoir d’achat pour les Français, c’est plus de travail pour les entreprises »
Vous êtes également opposée à la loi antiterroriste. Lui reprochez vous, comme d’autres de la France Insoumise, d’être liberticide ?
Oui, et je crois qu’elle est parfaitement inefficace pour lutter contre le terrorisme. La question du financement n’y est pas abordée. C’est un vrai problème. Tous les acteurs de la justice s’accordent par ailleurs à dire qu’un état d’urgence permanent ne sert à rien, car les terroristes s’adaptent aux mesures mises en place pour tenter de les contourner.
Certains experts du renseignement saluent pourtant les visites domiciliaires prévues par le texte pour permettre aux forces de l’ordre de prévenir un potentiel attentat…
Les visites domiciliaires permettent effectivement d’agir plus vite. Mais il faut bien comprendre que si la justice intervient lentement, c’est parce qu’elle croule sous les dossiers. Les magistrats ne sont suffisamment nombreux. 3000 CRS sont par ailleurs actuellement en arrêt maladie. Pour lutter efficacement contre le terrorisme, il faut impérativement augmenter le budget de la Justice.
Propos recueillis par @CapucineCoquand