Arnaud Devigne (Indeed) : « Le candidat est comme un consommateur, il est opportuniste »
Décideurs. La position d'Indeed sur le marché de l'emploi lui confère-t-il un rôle particulier ?
Arnaud Devigne. La mission d’entreprise d’Indeed est très centrée sur les chercheurs d’emploi. Nous la résumons souvent par le slogan « We help people get jobs », que nous affichons même sur nos T-shirts lors de nos événements ! Parallèlement, nous sommes des observateurs du monde du travail. Les données que nous détenons nous permettent de prendre le pouls de l’emploi, de voir les tendances émerger très vite, d’identifier les métiers qui seront en tension à court et moyen termes… Nous avons d’ailleurs décidé de structurer ces analyses en créant un laboratoire de recherche économique baptisé « Hiring Lab ».
Quelles évolutions observez-vous dans le comportement des candidats ?
Il existe une vraie tendance au développement de la « veille permanente ». Nos sondages révèlent que 86 % des actifs disent consulter régulièrement les offres d’emploi. Par ailleurs, il n’y a plus non plus de saisonnalité dans les recherches d’emploi. Grâce au phénomène du mobile, les personnes restent en recherche, même pendant leurs vacances. Le candidat est comme un consommateur, il est opportuniste. Cela concerne également les collaborateurs qui viennent d’intégrer une entreprise : 65 % d’entre eux continuent de regarder les offres.
Comment l’expliquez-vous ?
Bien entendu, on peut le lier à la situation d’incertitude que crée la période d’essai. Mais c’est également dû au fait que 70 % des contrats de travail signés le sont sous forme de CDD. Enfin, il existe un autre phénomène, que j’appelle « fear of missing out », c’est-à-dire la peur de passer à côté d’une meilleure opportunité. On note vraiment une tendance à la « quête d’absolue » chez les chercheurs d’emploi, qui n’est d’ailleurs pas sans ambivalence : les personnes veulent à la fois une forme de sécurité et un équilibre vie privée/vie professionnelle, mais aussi de la flexibilité et un travail qui ait un sens…
Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot