Avocate depuis dix ans chez Latham & Watkins, Élise Auvray, portée par ses passions d’enfance, le droit et les États-Unis, grimpe les échelons avec un plaisir non dissimulé. Histoire d’une double vocation.
Élise Auvray, la classe américaine
Idées fixes. Pour Élise Auvray, avocate counsel en contentieux des affaires et compliance depuis dix ans chez Latham & Watkins, les États-Unis étaient un rêve d’enfance. Elle ne souvient pas vraiment d’où ça lui vient mais petite, déjà, elle était passionnée par la vie outre-Atlantique. Sa passion pour le droit en revanche, elle sait quand elle a émergé. Sa mère, abonnée à France Loisir lui propose de choisir un livre. À 9 ans, elle jette son dévolu sur un ouvrage sur les grands procès et découvre émerveillée le monde judiciaire. Depuis, sa passion pour le droit la dévore. Au collège, elle assiste à des procès. Bonne élève et plutôt sans histoire au lycée, elle se met à sécher les cours de philosophie du samedi matin pour assister au cours de droit à la fac de Clermont-Ferrand dont elle est originaire. Le week-end, elle traîne son petit ami de l’époque, qui deviendra son mari en 2017, aux audiences d’adjudication. Et commence avant sa majorité à faire des petits stages dans les cabinets du coin. Elle interviendra deux ans au centre de détention de Léon en tant que bénévole pour donner des cours à des détenus qui préparent un baccalauréat professionnel.
Vocations
Mais pour celle qui déborde d’enthousiasme, il n’est pas question de mettre son autre dada, les États-Unis, de côté. Sur ce terrain, Élise Auvray a pu compter sur l’école. Avec sa classe internationale, elle tissera des liens indéfectibles avec une correspondante américaine qui deviendra sa témoin de mariage. À la faculté, faire un LLM, elle y a pensé mais ses parents n’ont pas les moyens. À la place, elle fera un DU de droit anglo-américain et partira dans le cadre d’un échange dans l’Iowa, histoire de se baigner jusqu’au cou dans la culture qu’elle adore.
"Les premiers temps, je n’ai pas vu le jour"
À son retour des États-Unis, plus question pour Élise Auvray de rester à Clermont-Ferrand. Elle rejoint la faculté d’Aix-en-Provence. Son master 2 et son DJCE en poche, elle mettra toute son énergie à intégrer un cabinet américain à Paris, malgré le scepticisme de ses parents peu convaincus de l’intérêt pour leur fille d’un exil parisien. Ses expériences chez Linklaters et Skadden confirment son désir de travailler dans ce type de structure, même si, elle l’avoue, "les premiers temps, je n’ai pas vu le jour". Pour sa spécialité, en revanche, les choses prennent un peu plus de temps. Le droit pénal l’a toujours fascinée. Elle fera des commissions d’office ses cinq premières années de barreau. Mais après un court passage en corporate, c’est le contentieux des affaires et la compliance qui la convainquent. Il faut dire que ces matières lui permettent de réunir ses deux passions : le droit et les États-Unis.
Fidélité
Ce qui caractérise cette grande passionnée, à la personnalité plutôt "carrée" dans sa vie personnelle avec un côté "couteau suisse" dans sa vie professionnelle, c’est la fidélité. Tout au long de son parcours, beaucoup sont ceux qu’elles côtoient encore malgré les années. C’est le cas du directeur juridique de Michelin dont elle avait trouvé l’adresse dans l’annuaire des juristes d’entreprise et qui lui a donné sa chance à la fin de son master 2, du directeur juridique monde contentieux d’Atos avec qui elle travaillera six mois à Londres et dont elle trouvait le métier fascinant ou encore de Grégoire Bertrou alors counsel chez Skadden auprès de qui elle effectuera son stage final.
Certitude
Après dix ans, la vocation pour l’avocature, Élise Auvray l’a toujours chevillée au corps. Elle ressent encore des "vertiges à l’arrivée d’un dossier" et l’excitation d’avant l’audience. Mais quand on lui demande ce qu’elle souhaite pour ses enfants, elle répond d’un air amusé "plutôt dentiste". Celle qui a su trouver un meilleur équilibre de vie avec le Covid et l’essor du télétravail reste persuadée que le métier d’avocat doit être un métier passion. Depuis ses débuts, Élise Auvray sent aussi qu’elle a évolué. Ses expériences de vie parfois difficiles lui ont donné du recul sur les choses. Plutôt empathique au seuil de sa carrière, elle a pris progressivement une position de leader. Dans l’avenir, elle se voit bien associée, fidélité oblige, chez Latham Watkins. Et pourquoi pas plus tard directrice juridique. Si la dynamique se répète, il y a fort à parier qu’elle trouvera un moyen de faire les deux.
Mathilde Aymami