La liberté, c'est ce qui a mené Justine Orier au métier d'avocat. Cette spécialiste du droit public passée par Adamas et Parme mène désormais sa barque d'une main décidée.
Justine Orier, en nage libre
Sur le papier, la voie semblait toute tracée pour Justine Orier. Après une enfance à Amiens, elle part pour Grenoble où elle intègre Sciences Po. Un cheminement logique pour cette fille de hauts fonctionnaires qui l’auraient bien vue perpétuer la tradition familiale. S’ils lui ont transmis un amour du service public et un sens profond de l’intérêt général, un premier stage au Sénat à 18 ans lui fait cependant réaliser que les fonctions d’État et la stricte hiérarchie qui l’accompagne ne sont pas pour elle, "mais alors pas du tout".
Justine Orier découvre le droit grâce à Florence Saltiel, professeur de droit constitutionnel à Sciences Po. Non contente de lui faire aimer le droit public, cette dernière éclaire également ses lanternes sur le métier d’avocat et son indépendance qui séduit la jeune femme. Une fois diplômée de Sciences Po, elle enchaîne avec un master de droit public, puis fait un dernier crochet à HEC pour y acquérir une intelligence financière qu’elle juge indispensable pour se frotter à de grands projets. Après avoir passé le barreau, elle fait ses premières armes chez Adamas puis Parme. Avant de monter en 2018 son propre cabinet avec Séverine Risser. À l’âge de 34 ans, elle accède enfin à l’indépendance qu’elle cherchait depuis longtemps.
Depuis, Justine Orier a bien grandi et Orier Avocats aussi. Seule à la barre – sa cofondatrice a quitté le métier – avec une dizaine d’associés et de collaborateurs, elle tente de construire une boutique fondamentalement pluridisciplinaire, qui couvre les différents aspects du droit public. Une leçon de pluridisciplinarité qu’elle a apprise chez Adaltys aux côtés de Gilles Le Chatelier, ancien conseiller d’État. Elle tisse ainsi une relation de confiance avec ses clients à qui elle tente d’apporter une vision globale sur leurs dossiers. Des principes certes simples, mais particulièrement exigeants, tant pour elle que pour ses collaborateurs. Plutôt que de rechercher une croissance sans fin, elle préfère conserver une équipe restreinte, mais ultra qualifiée et qui doit sans cesse se former. La qualité plus que la quantité donc, aussi bien pour les recrutements que les dossiers traités.
"Il ne faut jamais lâcher et même jusqu'à la dernière minute, on peut gagner et arracher la victoire avec les dents"
Son goût pour l’apprentissage s’accompagne aussi d’une appétence pour l’enseignement. Celle qui donne un cours magistral du droit de l’urbanisme à l’université de Versailles explique également le droit de l’énergie aux étudiants des Ponts et Chaussées. Un exercice qu’elle juge particulièrement utile à sa propre progression : "Enseigner oblige à parfaitement maîtriser son sujet, à être capable de répondre du tac au tac à la question d’un étudiant. De la même façon, je peux offrir une première réponse immédiate à un client qui décroche son téléphone pour poser une question."
En évoquant les affaires qui l’ont particulièrement marquée, Justine Orier se souvient d’une demande d’annulation de marché public, parmi les premières qu’elle a plaidées pour son cabinet et en son nom propre. Complexe et impliquant de lourds enjeux financiers, le dossier l’a forcée à lutter frontalement contre l’établissement et lui a inculqué la valeur de la ténacité : "Il ne faut jamais lâcher et même jusqu'à la dernière minute, on peut gagner et arracher la victoire avec les dents."
Lorsqu’elle crée son propre cabinet, l’avocate se donne pour objectif d’éviter certains travers qu’elle a connus ailleurs. Se garder d’instaurer trop de hiérarchie et mettre en place un management plus direct, pour favoriser la bienveillance et le bien-être général. Reste que l’aventure est, sans surprise, très prenante. Elle avoue que pour le moment elle n’a pas encore réussi à trouver un équilibre entre vie privée et carrière : "C’est un investissement qui est quand même très très très très en faveur du cabinet." Et si, pour le moment, c’est l’investissement professionnel qui prime, elle a toutefois trouvé le temps pour l’organisation de son mariage à venir.
Du triathlon à l’Opéra
Pour relâcher la pression, cette grande sportive pratique le triathlon, et participe à deux ou trois compétitions tous les ans. Justine Orier apprécie tout particulièrement la nage en eaux vives et reconnaît qu’elle cultive un petit côté masochiste quand il s’agit de s’entraîner en pleine mer ou dans des lacs même quand le temps n’est pas clément. Cette grande fan d’opéra essaye aussi d’écouter un maximum de concerts, "plutôt le week-end parce que la semaine, c’est un peu tôt…"
Quand on demande à cette mélomane son œuvre favorite, la réponse fuse : "Le Requiem de Fauré, c’est la plus belle chose qu’il soit." Côté littérature, elle évoque Stefan Zweig, en particulier son ouvrage Le Monde d’hier, un texte qui reste "très, très actuel et très fort, notamment dans le contexte politique d’aujourd’hui". C’est d’ailleurs dans la politique qu’elle pioche les personnalités qu’elle admire. Elle cite Michel Rocard et François Mitterrand, "pas tant pour les idées politiques que le charisme et surtout une capacité à prendre de la hauteur et du recul qui nous manquent de plus en plus".
François Arias