Sur les affiches électorales des législatives une tendance se développe : faire figurer un chef national au détriment du vrai candidat. Justine Gruet, députée LR du Jura, a déposé une proposition de loi pour changer la donne.

Contrairement à ce que pensent certains esprits chagrins, les Français s’intéressent encore à la politique. Lors des dernières législatives, la participation au second tour a atteint 66,7 %, soit le taux le plus élevé depuis 1997. Les états-majors n’ont cessé de le répéter : ce scrutin était avant tout national.

Conséquence, de nombreux électeurs ont voulu voter pour "Bardella et Le Pen", "pour Mélenchon", "pour Attal" ou encore "pour Zemmour". Les affiches électorales se sont mises au diapason, au point, parfois, de faire disparaître le candidat local au profit du chef national.

Retour sur le terrain

Justine Gruet, députée LR de la troisième circonscription du Jura, l’a constaté. "La candidate RN affrontée au second tour n’avait même pas de photos sur l’affiche", déplore dans Marianne celle qui a observé dans les bureaux de vote de nombreux électeurs "chercher un bulletin Bardella ou Mélenchon comme vu sur l’affiche. Ce n’est pas normal, il faut savoir qui est réellement la personne à qui l’on apporte sa voix".

Justine Gruet fait partie des candidats qui ont eu à faire face à des "fantômes" invisibles sur les affiches… voire sur le terrain. Certains ont défrayé la chronique comme Élodie Babin, candidate RN dans le Loiret, qui a obtenu 33 % des voix au premier tour sans apparaître sur les professions de foi, les affiches, lors des tractages ou des débats.

Uniformisation des affiches

Cette situation heurte une partie de la classe politique qui demande un changement dans les règles électorales. Elle peut compter sur Justine Gruet qui a déposé une "proposition de loi interdisant toute mention ou présence d’une personne autre que le candidat et son suppléant sur les affiches électorales". La solution préconisée est d’imposer l’obligation de faire figurer le candidat et son suppléant sur l’affiche qui aurait en bas un bandeau sur lequel il serait possible de mettre en avant le logo des partis ou la figure d’un soutien de poids.

Aux candidats de choisir leur "mentor", à l’instar des macronistes qui avaient la possibilité de poser au côté d’une photo d’Emmanuel Macron ou de Gabriel Attal (davantage choisi par les candidats). Cela permettrait aussi de freiner la tendance visant à élire un premier ministre plus qu’un député.

Raillerie du RN

Si l’élue assure ne pas viser un parti en particulier, le RN est spécialisé dans l’invisibilisation des candidats locaux au profit de figures plus médiatiques comme Marine Le Pen ou Jordan Bardella. C’est notamment le cas de Jean-Philippe Tanguy, député de la Somme, qui ironise sur X: "Quel aveu, vous n’avez plus de chef, plus d’incarnation et vous voulez en priver les autres!" En 2020, LR avait déjà proposé un amendement porté par le député de la Loire Dino Cinieri afin d’interdire la présence d’animaux sur les affiches électorales, cela avait été rejeté. À voir si cette nouvelle proposition prendra le même chemin…

Lucas Jakubowicz

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