La guerre en Ukraine oblige Moscou à se tourner vers Pékin. Un choix contrait qui pourrait pénaliser la Russie à moyen-terme

Depuis l’invasion de l’Ukraine, le gouvernement russe fanfaronne : les sanctions prises à son encontre par les Européens et les États-Unis ne sont que minimes, elles s’avèrent même une aubaine pour le pays qui pourra développer ses propres produits et diversifier son économie. Reste que pour le moment, le régime de Vladimir Poutine n’a pas le choix : il doit se tourner vers la Chine.

Une position assumée par l’inamovible ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov qui assure que « maintenant que l’Occident a adoptée une position dictatoriale, nos liens avec la Chine vont croître plus rapidement ». Son homologue Wang Yi, pour sa part, se réjouit d’une « amitié solide comme un roc » et de « perspectives de coopération future immenses ». Oui mais.

Les liens sont plus que déséquilibrés. Certes, cela fait douze ans que Pékin est le premier partenaire économique de Moscou. Contrairement à certains pays européens, la Chine n’est pas dépendante du gaz et du pétrole russes. Par ailleurs, la montée en gamme de son économie est telle qu’elle n’a plus forcément besoin de négocier au prix fort des transferts technologiques en matière militaire. En revanche, sanctions obligent, la Russie risque fort de tomber sous la coupe de Pékin, seul pays capable de se substituer à l’Occident sur certains produits.

La Russie a besoin de puces ? IBM, Nvidia, Intel ou AMD ont rompu toutes relations ? Il ne reste que la Chine. Elle commence à manquer de semi-conducteurs ? Seule la Chine peut en procurer. Le système bancaire occidental lui fait payer au prix fort son invasion de l’Ukraine ? La Chine est encore là.

Pour le moment, les deux acteurs y trouvent leurs intérêts. La Chine accroît ses exportations, la Russie s’affranchit de ses ennemis. Mais à moyen terme, le pays qui se rêve en géant mondial devrait se trouver dans une situation inconfortable puisqu’il sera dépendant d’une seule puissance. Qui est bien supérieure: dix fois plus d’habitants, un PIB deux fois plus important, des dépenses militaires quatre fois plus élevées… En cherchant à montrer ses muscles sur sa frontière ouest, la Russie risque de tomber sous la coupe d’un voisin oriental qui semble ne lui vouloir que du bien. Pour le moment.

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