Ils sont candidats et élus à droite, à gauche, à l’extrême gauche de l’échiquier. Et n’ont pas hésité, à l’annonce des résultats du premier tour de la présidentielle, qui replonge la France dans une finale Macron-Le Pen, à appeler à "faire barrage" à l’extrême droite.

27,8 %. Au premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron s’est offert plus de quatre points d’avance sur Marine Le Pen (23,1 %). Mais alors qu’Éric Zemmour a demandé à ses électeurs de reporter leurs voix sur le Rassemblement national, la crainte d’une victoire de l’extrême droite se dessine. À droite, à gauche, le message est (quasi) universel : malgré les désaccords avec la politique d’Emmanuel Macron, il faut faire barrage à l’extrême droite. Le seul bulletin à déposer dans l’urne, le 24 avril, doit être celui du président sortant.

Voter Macron, coûte que coûte

Valérie Pécresse s’est dite "inquiète du chaos qui résulterait de l’élection de Marine Le Pen". Anne Hidalgo, qui n’a pas atteint les 2 %, appelle "avec gravité" à voter contre la candidate du Rassemblement national, "pour que la France ne bascule pas dans la haine contre tous". Yannick Jadot veut que "personne ne minimise la menace de l’extrême droite". Fabien Roussel a appelé à "mettre l’extrême droite en échec" et "faire le choix de la responsabilité".

Leurs soutiens ont adopté le même discours. Si elle "ne fait pas confiance à Emmanuel Macron", Delphine Batho, députée EELV des Deux-Sèvres, considère que, désormais, c’est la démocratie qui est en jeu. À droite aussi, tout le monde, ou presque, a désigné le président sortant. Damien Abad, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, votera "sans hésitation, car sur la scène internationale, on n’a pas besoin d’un Poutine français, et qu’il ne faut pas oublier ce qu’a été l’extrême droite dans ce pays". Jean-François Copé, qui a reconnu "une soirée douloureuse" pour Les Républicains, invite à "voter massivement". Idem pour Xavier Bertrand, Rachida Dati, Michel Barnier. Nicolas Sarkozy, lui, ne s’est toujours pas prononcé, mais le président des Républicains Christian Jacob a annoncé, lundi, que le parti avait voté une motion prévoyant qu’"aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen" au second tour.

Pas Le Pen… mais pas de consigne non plus

D’autres ont choisi de ne pas prononcer le nom d’Emmanuel Macron. C’est le cas d’Éric Ciotti, qui a déclaré ne pas se reconnaître dans la politique du Président-candidat. Un "je ne le soutiendrai pas" finalement peu surprenant : le député LR des Alpes-Maritimes avait annoncé qu’il favoriserait Éric Zemmour en cas de qualification de ce dernier au second tour. Laurent Wauquiez, lui, a préféré s’en remettre au "respect de la diversité". "Personne n’appelle à voter pour Marine Le Pen, certains pour Macron, d’autres ne choisissent pas", a déclaré le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes au comité stratégique LR, selon Le Figaro.

Chez La France insoumise, il n’est, certes, pas question de prôner la diversité. Mais, interrogée sur TF1 à l’annonce des résultats, Clémentine Autain a entretenu le flou, s’agaçant qu’aucune voix ne devait aller à l’extrême droite, et évitant dans le même temps d’appeler à voter pour Emmanuel Macron. Le discours de Jean-Luc Mélenchon est resté dans la même veine : "Nous savons pour qui nous ne voterons jamais. Pour le reste, comme je vous l’ai dit, les Français sont capables de savoir quoi faire." La formulation semble peu claire ? Le candidat va clarifier : quatre fois, il répétera qu’il ne faut pas donner "une seule voix à Marine Le Pen". Pas une seule fois, en revanche, il n’appellera explicitement à voter pour Emmanuel Macron. Philippe Poutou ne le fera pas non plus. La stratégie est risquée : pas une voix pour Marine Le Pen, mais pas vraiment, non plus, de voix pour Emmanuel Macron… C’est, peut-être, ouvrir un boulevard à l’abstention.

Olivia Fuentes

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