En décidant d’apporter son parrainage au candidat LFI, David Lisnard souhaite inciter les élus à soutenir des candidats qui, en dépit d’un poids électoral important, peinent à rassembler les 500 signatures. Selon lui, c'est la démocratie qui est en jeu.

Coup de com’ ? Volonté d’alerter sur les règles de parrainage ? Le grand public est divisé après la déclaration de David Lisnard, maire LR de Cannes et président de l’Association des maires de France (AMF). Dans une vidéo publiée dimanche 20 février dans la soirée, l’élu azuréen a annoncé apporter son parrainage à Jean-Luc Mélenchon.

Un cri d’alerte

Pour le moment, le chef des Insoumis n’a validé que 370 parrainages, loin des 500 nécessaires pour se présenter. Il lui manque donc 130 signatures à réunir d’ici au 4 mars. Une situation étrange pour un candidat qui a séduit 19,58% des électeurs au premier tour de la présidentielle de 2017. Le député de Marseille n’est pas seul dans ce cas. Marine Le Pen a rassemblé 366 parrainages (moins que Nicolas Dupont-Aignan), Éric Zemmour n’en recense que 281 et Christiane Taubira, gagnante de la primaire populaire, stagne à 80.

D’où le geste de David Lisnard qui estime que l’incapacité de Marine Le Pen, Éric Zemmour où Jean-Luc Mélenchon à se présenter serait une "grave atteinte à la démocratie" qui pourrait mener à "un risque d’explosion civique" et à une "explosion de violence". Les parrains potentiels auraient donc intérêt à faire en sorte que "cette élection soit une vraie élection" en "pensant à la libre expression démocratique et républicaine". D’où son soutien à Jean-Luc Mélenchon dont il combat pourtant "les idées" et "les valeurs".

Système à revoir

En filigrane, le maire de Cannes critique le processus de parrainage qui a été réformé par la loi organique du 25 avril 2016 dont le terme exact est "loi de modernisation de diverses règles applicables à l’élection présidentielle". Si le seuil de 500 signatures d’élus ne bouge pas, une modification de taille est entrée en vigueur : désormais, les parrainages sont rendus publics deux fois par semaine par le Conseil constitutionnel. Concrètement, le parrainage d’un élu est rendu public.

Ce qui peut en pousser certains à cesser de soutenir des candidats peu consensuels. Pour la cuvée 2022, il s’agit notamment de Marine Le Pen, Éric Zemmour ou Jean-Luc Mélenchon. Si ces derniers sont crédités d’un score important au premier tour, ils peinent à convaincre les "parrains" qui ne veulent pas être catalogués "zemmouristes", "lepénistes" ou "mélenchonistes" par leurs administrés. Un choix compréhensible à l’heure où les violences contre les élus locaux sont en pleine expansion. En soutenant Jean-Luc Mélenchon, David Lisnard envoie un message fort aux élus et aux citoyens : parrainer n’est pas soutenir. 

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