Le repas de Noël approche. Dans une société de plus en plus fracturée et segmentée, il est par la force des choses un lieu de débat politique. Mais que dire sans froisser le converti au zemmourisme, le woke, le macroniste ou l’abstentionniste revendiqué ?

Ah Noël… Ses plats soignés, ses cadeaux, ses réunions de famille et ses très probables discussions politiques. Présidentielle oblige, les débats s’annoncent déchaînés et passionnés entre les membres d’une même tablée appartenant parfois à des courants différents. Alors que les moments de dialogue entre opinions diverses se réduisent peu à peu sur fond de crispation générale, les repas de réveillon deviennent une occasion unique de faire cohabiter plusieurs tendances : l’étudiante décroissante un poil woke, le converti au zemmourisme nourrissant la peur d’être grand remplacé, l’adorateur de Mélenchon, le réaliste macroniste, le socialiste ou le gaulliste fidèle à son parti d’origine, l’abstentionniste revendiqué…

Tous auront un avis tranché sur le vainqueur de la présidentielle et le classement final du premier tour. Si vous voulez adopter un ton différent, appuyez-vous sur la situation politique des derniers réveillons pré-présidentielle. Souvenons-nous de Noël 2016. François Fillon, que peu de monde avait imaginé remporter la primaire de la droite et du centre quelques semaines plus tôt, était quasi d’office le successeur de François Hollande. Emmanuel Macron n’était au mieux que le troisième homme et, si le PS était mal en point, qui l’aurait imaginé à 6 % avec Benoît Hamon à la barre ? Durant les rassemblements de Noël 2006, Ségolène Royal s’était déjà imposée à la tête de son camp à la surprise générale. Mais qui aurait parié sur elle quelques mois auparavant ?

Une présidentielle est comme un cadeau emballé au pied du sapin. On sait ce qu'il y a dedans, mais une surprise est toujours possible

Autour de la table à la nappe immaculée, certains convives devaient sûrement imaginer possible une candidature Villepin. Et bien malin qui aurait pu prédire la poussée de François Bayrou (18 %) et l'effondrement de Jean-Marie Le Pen à peine au-dessus de la barre des 10 %. Cinq ans plus tôt, personne n’aurait imaginé que le tribun d’extrême droite s’inviterait au second tour. En revanche, le duel Chirac-Jospin était, aux yeux de tous, une chose acquise. Et si la meilleure posture à adopter était de jouer la carte du sage ergotant un mystérieux : « Vous savez, la présidentielle, c’est comme les paquets emballés au pied du sapin. On sait à peu près ce qu’il y a dedans mais une surprise est toujours possible » ?

Lucas Jakubowicz

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

{emailcloak=off}