Des soutiens de la première heure qui prennent le large, une société civile qui n’adhère pas, des "professionnels" de LR et du RN qui le fuient, un peuple de droite circonspect... Éric Zemmour est plus seul que jamais à la veille de son premier rassemblement de campagne.

Les organisateurs de meetings politiques respectent souvent les mêmes règles : filmer en plan serré pour donner l’illusion d’une masse, mettre en avant des jeunes qui font la claque, diffuser une bande son qui transcende la foule, faire appel à des chauffeurs de salle pour faire monter la température avant le discours du chef. Autre technique prisée : installer au premier rang les soutiens et les ralliés pour donner l’illusion d’une famille diverse et rassemblée.

Cette étape est un véritable casse-tête pour l’équipe de campagne d’Éric Zemmour dont le premier meeting se tiendra le 4 décembre au Parc des expositions de Villepinte. Car, reconnaissons clairement les choses, celui qui a annoncé sa candidature le 30 novembre dans une vidéo anxiogène peine à rassembler. Et c’est un euphémisme que de le souligner. Son rêve était de réunir pour son premier rassemblement la "droite hors les murs", une partie de la société civile, ainsi que des ralliés de LR et du RN. Pour le moment personne n’a franchi le Rubicon. Ses supporters rétorqueront que la salle sera pleine. Certes, mais pour mener une campagne, il faut des relais politiques, médiatiques et financiers. Et pour le moment, c’est le désert de Gobi.

Pour mener une campagne, il faut des relais politiques, médiatiques et financiers. Pour le moment, c'est le désert de Gobi

La droite hors les murs circonspecte

Le camp Zemmour nourrissait l’ambition d’agréger autour d’un homme providentiel la fameuse "droite hors les murs", c’est-à-dire les conservateurs qui ne se reconnaissent ni dans LR ni dans le RN. Mais cette cible convoitée ne semble pas se bousculer au portillon en ce début de campagne. Philippe de Villiers était annoncé au meeting ? "Fake news", assène l’intéressé qui sera à Tolède ce jour-là. Le maire de Béziers Robert Ménard était "l’homme à séduire" ? Il se dérobe et tire sur Éric Zemmour à balles réelles, dénonçant "une vision tellement apocalyptique du monde qu’elle est angoissante" ou son attitude à l’égard du journaliste Gilles Bouleau, traité de "procureur" "larvaire". Niveau argent, les choses se gâtent également puisque le financier Charles Gave, qui avait prêté 300 000 euros s’est retiré de la campagne. Selon le JDD, cela serait lié à un "conflit opposant sa fille Emmanuelle à deux amis de Sarah Knafo accusés de l’avoir escroquée". Bonne ambiance…

LR et RN : personne ne se rallie

Plus préoccupant encore, Éric Zemmour comptait exhiber lors de son premier meeting des "prises de guerre" venues de LR et du RN. Pour le moment, aucun soutien de poids ne souhaite s’afficher au côté du polémiste, même les troisièmes et quatrièmes couteaux font défection. Longtemps annoncé présent, le sénateur LR du Rhône Etienne Blanc a clamé qu’il ne se rendrait pas sur place. De son côté, le sénateur du Val d’Oise Sébastien Meurant a aussi trouvé une excuse pour faire défection : "Ce jour-là, j’ai un trail de 40 bornes". Du côté de Marine Le Pen, on se réjouit également. Malgré les purges internes dans le parti et des sondages qui ont commencé à baisser au début de la "Zemmour mania", personne n’a pris la clé des champs.

67% des sympathisants LR et 53% des sympathisants RN jugent raté le début de campagne d'Eric Zemmour

Visiblement, aucun professionnel de la politique (exception faite du retraité Charles Millon) ne souhaite s’afficher au côté d’une candidature qui frise l’amateurisme et l’improvisation : vidéo de déclaration qui ne respecte pas le droit à l’image, doigt d’honneur, diatribe contre les journalistes… Les politiques professionnels comprennent qu’ils n’ont rien à gagner à monter à bord du navire. D’autant plus que le peuple de droite semble rejeter la candidature. Selon une étude Odoxa réalisée pour Le Figaro, 67% des sympathisants LR et 53% des sympathisants RN estiment le début de campagne raté. Pas certain que les chaises vides au premier rang permettent de redynamiser la candidature.

LJ

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