Si au cours de sa campagne, Donald Trump a capitalisé sur son image et sur les réalisations de son administration, le président sortant est resté flou quant à ses objectifs pour les quatre prochaines années. Seule certitude, ceux-ci reprendront ses thèmes de prédilection – "economy first", lutte contre l’immigration, désengagement à l’international... Quant au détail de leur mise en œuvre, celui-ci demeure, aujourd’hui encore, incertain.

 

Il y a vingt-quatre heures encore on le tenait pour battu. Mais ce matin, fidèle à son habitude consistant à déjouer les prognostics, Donald Trump annonçait sa victoire, considérée comme totale et acquise alors même que le décompte des bulletins se poursuivait dans plusieurs États. Si, contrairement à ses déclarations triomphalistes, l’issue du scrutin demeure incertaine, le scénario de sa réélection, largement écarté ces derniers jours par une majorité de sondages, s’impose désormais comme de plus en plus crédible. Si bien que beaucoup s’interrogent sur le programme de celui qui, contre toute attente, pourrait devenir le 46ᵉ président des États-Unis.

"Promises kept "

Sur ce point supposé central de la campagne, le candidat républicain sera resté étonnamment évasif, préférant ces derniers mois, plutôt que de détailler ses objectifs pour les quatre années à venir, miser sur son image – celle de l’homme antisystème, déterminé et combatif qui lui valait la victoire en 2016 – et évoquer les succès des quatre dernières. Dûment répertoriés sur son site de campagne dans la rubrique "Promises kept", ceux-ci évoquent les réalisations de son administration, parmi lesquelles la baisse des charges fiscales pour de nombreux ménages des classes moyennes, la baisse du chômage et l’augmentation du PIB (l’un comme l’autre enregistrés avant la crise sanitaire cela va sans dire…) mais aussi, une amélioration de l’accès aux soins et, promesse phare de sa première campagne, les centaines de kilomètres de mur érigées le long de la frontière mexicaine.

Des succès sur lesquels, si l’hypothèse des "four more years" (quatre années de plus) devait se confirmer, Donald Trump entend visiblement capitaliser, lui qui, appelé à évoquer son programme le 24 août dernier, lors de la Convention des Républicains, déclarait simplement : " Je renforcerai ce que j’ai déjà fait et je ferai de nouvelles choses. " Quant à la nature de ces " nouvelles choses ", aujourd’hui encore le flou perdure.

Relocalisation et création d’emplois

Certains objectifs qualifiés de prioritaires se dégagent toutefois, dans la continuité des axes privilégiés lors des quatre années écoulées, à savoir : " Economy first ", lutte contre l’immigration clandestine et, sur le front diplomatique, désengagement à l’international. En tête des préoccupations actuelles, l’économie, durement mise à mal par l’épidémie de coronavirus qui, sur le deuxième trimestre, entraînait la destruction de plusieurs millions d’emplois ainsi qu’une chute historique de près de 33 % du PIB. Pour assurer sa relance, le président sortant annonce - sans toutefois préciser comment… - la création de " dix millions d’emplois en dix mois " et celle d’un million de petites entreprises auxquelles s’ajouteraient l’extension de zones franches et le rapatriement sur le territoire national, moyennant une promesse de baisses d’impôts, d’un million d’emplois chez les entreprises américaines installées en Chine. Pas question, sur ce plan, de s’encombrer de notions de déficits publics, ni d’ailleurs de contraintes RSE, perçues comme des freins à la croissance par Donald Trump, toujours aussi climatosceptique qu’il y a quatre ans et qui, comme unique concession accordée à la lutte contre le réchauffement climatique, évoquait il y a quelque temps sa volonté de " nettoyer les océans ".

Pro-life, pro-guns, anti-immigration clandestine…

Rien de neuf non plus sur le pan " société ". Lui réélu, Donald Trump entend creuser le sillon républicain et plus que jamais " défendre les valeurs américaines ". Entendez par là, celles d’une Amérique conservatrice à la fois anti-avortement et pro armes à feu. Le président sortant envisage également, s’il est réélu, de grossir les rangs de la police et d’alourdir les peines pour toute attaque sur les forces de l’ordre et, nouveauté, souhaite voir enseigner " l’exceptionnalisme " américain – cette théorie politique voulant que les États-Unis occupent une place à part, de par leur histoire et leur culture, sur l’échiquier mondial - à l’école. Dans la même veine, Donald Trump devrait durcir encore le ton face à l’immigration clandestine, promettant, lors d’un second mandat, d’empêcher les immigrés sans papiers " d’accéder aux aides, aux soins et à l’enseignement gratuit ". Quant à la crise du coronavirus – dont la gestion, qualifiée de désastreuse par le camp adverse, aura entraîné 200 000 décès sur le territoire national -, Donald Trump s’engage purement et simplement à " l’éradiquer " grâce à un vaccin dont la conception serait déjà " très avancée ", au point, déclarait-il il y a peu, que celui-ci devrait être disponible avant la fin de l’année.

Isolationnisme et désengagement

Concernant le volet international, là non plus ni volte-face ni inflexion majeure. Donald Trump devrait maintenir le cap défini lors de son premier mandat : celui qui, au cours des quatre années écoulées, aura vu les États-Unis prendre leurs distances avec leurs alliés historiques européens dans une tendance isolationniste de plus en plus marquée. Sur ce plan Donald Trump déclarait il y a peu vouloir rapatrier les soldats américains déployés à l’étranger tout en " mettant un terme aux guerres sans fin " - vaste programme dont, une fois encore, il n’a pas détaillé les modalités.

Caroline Castets

 

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