Premier ministre est un poste exposé. Sur les huit prédécesseurs de Jean Castex, six ont quitté Matignon plus impopulaires qu’à leur arrivée. Qui s’est révélé ? Qui a été le plus boudé par l’opinion ? Réponses dans les infographies ci-dessous.

Tremplin pour certains, aboutissement d’une carrière pour d’autres, le poste de Premier ministre est l’un des plus ingrats conçu par notre Constitution. Si le président de la République peut traditionnellement jouer de son prestige, la chose est plus délicate pour son Premier ministre, bien souvent cantonné aux tâches plus techniques et impopulaires : réformes des retraites, lutte contre le chômage, coupes budgétaires... Même si certains locataires de l’Élysée s’autoqualifient d' "hyper-président" ou de "Jupiter" et s’impliquent personnellement dans tous les dossiers, la place du Premier ministre reste dans l’ombre du président mais en première ligne sur les sujets épineux. Ce qui, globalement, a un impact sur la popularité.

Le destructeur de popularité

Les baromètres mensuels réalisés par Ipsos sont à cet égard très révélateurs. Sur les huit prédécesseurs de Jean Castex, six sont sortis de Matignon plus impopulaires qu’ils n’y étaient entrés. Les plus à plaindre sont sans doute Jean-Marc Ayrault et Jean-Pierre Raffarin qui, lors de leur nomination, pouvaient se vanter d’un solide socle de 50% d’opinions favorables. Hélas pour eux, ils sont sortis de leur fonction avec une baisse de popularité de 28 et 24 points. Jean-Marc Ayrault est d’ailleurs le Premier ministre le plus impopulaire lors de son départ (voir podium ci-dessous). La douche est également froide pour Manuel Valls. Lors de son premier mois, sa popularité s’élevait à 44% pour fondre comme neige au soleil et terminer à 22%, soit une chute de 16 points.

Parmi les baisses à deux chiffres, le cas de François Fillon est particulier. Certes, en cinq années, sa cote a diminué de 11 points. Mais à sa sortie, l’ancien candidat à la présidentielle de 2017 pouvait s’appuyer sur une base de 49% d’opinions favorables. Dans le baromètre Ipsos, François Fillon est donc le Premier ministre le plus populaire à son entrée à Matignon (60%), mais aussi à sa sortie (49%).

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Les exceptions Philippe et de Villepin

Toutefois, il est possible de tirer son épingle du jeu. Ce n’est pas Édouard Philippe qui dira le contraire. Inconnu du grand public à l'été 2017, il recueille 39% de bonnes opinions lors de sa prise de poste, avant de baisser peu à peu après deux mois d’état de grâce. Mais sa gestion de la crise sanitaire, saluée par la grande majorité des Français, lui permet de réaliser un retour fracassant : 29% en février, 42% en mars, 41% en avril et 46% en mai. Ce qui fait de lui le second Premier ministre le plus populaire à son départ, 3 points derrière François Fillon.

Dominique de Villepin boxe lui aussi dans la catégorie des "Premiers ministres révélés à Matignon". Lorsque Jacques Chirac lui confie les clés du gouvernement en juin 2005, la situation est peu favorable : un président vieillissant, un prédécesseur usé, un conflit larvé avec Nicolas Sarkozy et une partie de l’UMP les yeux rivés vers la prochaine présidentielle. Pourtant malgré de nombreuses turbulences dont le CPE (contrat premier embauche), il part la tête haute avec 42% de bonnes opinions contre 33% à son arrivée, soit autant que Jean Castex. Qui doit sans doute espérer suivre la même trajectoire.

Autres données

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Lucas Jakubowicz

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